mercredi 27 septembre 2017

Michel Laurin
La littérature québécoise en 30 secondes
Montréal, Hurtubise, coll. « En 30 secondes », 2017, 160 p., 22,95 $.

Hier, aujourd’hui et peut-être demain

Depuis le Manuel d’histoire de la littérature canadienne-française de l’abbé Camille Baillargeon (1870-1943) en passant par l’Histoire de la littérature française du Québec en trois tomes, un collectif dirigé par Pierre de Grandpré paru en 1967 et 1969, jusqu’à la récente Histoire de la littérature québécoise (Boréal, 2007) de Biron, Dumont et Nardout-Lafarge, tout de notre histoire littéraire me passionne. Au point où je me suis mis à la recherche des plus anciens ouvrages sur le sujet dont certains enrichissent les ouvrages de référence que je consulte très régulièrement. Vous comprendrez alors que c’est dans cet état d’esprit que j’ai reçu La littérature québécoise en 30 secondes (Hurtubise, 2017) du professeur Michel Laurin.




Connaissant bien la collection «… en 30 secondes» pour avoir recensé plusieurs de ses titres, j’étais curieux du ton que l’auteur allait adopter pour guider ses choix éditoriaux, surtout qu’il est seul à réaliser ce projet, alors que les autres ouvrages sont généralement le fruit d’un travail collectif dirigé par un spécialiste en la matière.
Après une première lecture faite en tant qu’observateur de notre littérature depuis plus d’un demi-siècle, je suis revenu sur les 62 articles qui composent le livre en m’imaginant dans la peau d’un lecteur francophone étranger à notre culture ou non. Je rêvais ainsi de voir l’ouvrage en vitrine de la Librairie du Québec à Paris, attirant la curiosité des passants. Cette relecture attentive m’a offert une tout autre perspective.
Nicolas Dickner, un écrivain de la génération des 30-40 ans au talent récompensé, signe la préface où il note avec perspicacité que « Depuis les écrits de la Nouvelle-France jusqu’aux tournois de slam, notre littérature semble avoir eu la faculté de se réinventer de génération en génération, comme si chaque époque n’était pas l’écho persistant de la précédente, mais constituait plutôt une période distincte, neuve. » Voilà, je crois, une observation d’ordre sociologique qui s’applique à d’autres domaines de notre culture, le Québec ayant souvent fait des volte-face spectaculaires au cours de son histoire. Pensons seulement à l’omnipotence de l’Église catholique réduite presque à rien en une décennie.
L’auteur Laurin a organisé le riche corpus en six époques : les écrits de la Nouvelle-France (1534-1760); la gestation de la littérature canadienne-française (1760-1900); l’utopie de la terre revue et corrigée (1900-1945); la littérature affranchit de sa tutelle (1945-1960); le pays littéraire (1960-1980); une littérature postnationale (depuis 1980).
Pour chaque période, comme le veut la collection, il a choisi une ou un auteur dont il rappelle les temps forts de la carrière tout en faisant un bref commentaire critique de l’œuvre. Il a ainsi choisi de mentionner Marie de l’Incarnation, Arthur Buies, Émile Nelligan, Anne Hébert, Jacques Ferron, Marie-Claire Blais, Jacques Poulin et Dany Laferrière. Certes, d’autres écrivains auraient pu faire partie de ce palmarès, mais, dans l’esprit de la didactique du livre, je comprends que M. Laurin ait élu ceux-ci.
J’aurais toutefois aimé qu’il précise ce qui marque le passage de la littérature canadienne-française à la littérature québécoise, tout en rappelant que les auteurs francophones hors Québec sont nombreux et qu’ils sont parvenus à se créer un espace éditorial, une institution littéraire qui leur est propre.
Cela dit, le lecteur étranger qui connaît peu ou prou la littérature québécoise trouvera dans ce «… 30 secondes» un panorama juste de notre histoire littéraire. Il pourra prendre en note le nom des auteurs dont les ouvrages sont susceptibles de l’intéresser. Il pourra aussi parfaire ses connaissances en consultant la brève liste des références bibliographiques et les différents index du livre (noms propres, œuvres, magazines et journaux, personnages). Encore là, les choix de l’auteur se défendent, mais je crois quelques ouvrages généraux auraient mérité d’y figurer, dont le titre de plus d’anthologies.

Ne reste qu’à souhaiter que La littérature québécoise en 30 secondes soit non seulement largement diffusé, mais qu’il soit bien accueilli ici et ailleurs en francophonie.

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