Michel Laurin
La littérature
québécoise en 30 secondes
Montréal, Hurtubise, coll. « En 30 secondes »,
2017, 160 p., 22,95 $.
Hier, aujourd’hui et
peut-être demain
Depuis le Manuel d’histoire de la littérature canadienne-française de l’abbé
Camille Baillargeon (1870-1943) en passant par l’Histoire de la littérature française du Québec en trois tomes, un
collectif dirigé par Pierre de Grandpré paru en 1967 et 1969, jusqu’à la
récente Histoire de la littérature
québécoise (Boréal, 2007) de Biron, Dumont et Nardout-Lafarge, tout de
notre histoire littéraire me passionne. Au point où je me suis mis à la
recherche des plus anciens ouvrages sur le sujet dont certains enrichissent les
ouvrages de référence que je consulte très régulièrement. Vous comprendrez
alors que c’est dans cet état d’esprit que j’ai reçu La littérature québécoise en 30 secondes (Hurtubise, 2017) du professeur
Michel Laurin.
Connaissant bien la collection «…
en 30 secondes» pour avoir recensé plusieurs de ses titres, j’étais curieux du
ton que l’auteur allait adopter pour guider ses choix éditoriaux, surtout qu’il
est seul à réaliser ce projet, alors que les autres ouvrages sont généralement le
fruit d’un travail collectif dirigé par un spécialiste en la matière.
Après une première lecture faite en
tant qu’observateur de notre littérature depuis plus d’un demi-siècle, je suis
revenu sur les 62 articles qui composent le livre en m’imaginant dans la peau
d’un lecteur francophone étranger à notre culture ou non. Je rêvais ainsi de
voir l’ouvrage en vitrine de la Librairie du Québec à Paris, attirant la
curiosité des passants. Cette relecture attentive m’a offert une tout autre
perspective.
Nicolas Dickner, un écrivain de
la génération des 30-40 ans au talent récompensé, signe la préface où il note avec
perspicacité que « Depuis les écrits de la Nouvelle-France jusqu’aux
tournois de slam, notre littérature semble avoir eu la faculté de se réinventer
de génération en génération, comme si chaque époque n’était pas l’écho
persistant de la précédente, mais constituait plutôt une période distincte,
neuve. » Voilà, je crois, une observation d’ordre sociologique qui
s’applique à d’autres domaines de notre culture, le Québec ayant souvent fait
des volte-face spectaculaires au cours de son histoire. Pensons seulement à
l’omnipotence de l’Église catholique réduite presque à rien en une décennie.
L’auteur Laurin a organisé le
riche corpus en six époques : les écrits de la Nouvelle-France
(1534-1760); la gestation de la littérature canadienne-française (1760-1900);
l’utopie de la terre revue et corrigée (1900-1945); la littérature affranchit
de sa tutelle (1945-1960); le pays littéraire (1960-1980); une littérature
postnationale (depuis 1980).
Pour chaque période, comme le
veut la collection, il a choisi une ou un auteur dont il rappelle les temps
forts de la carrière tout en faisant un bref commentaire critique de l’œuvre.
Il a ainsi choisi de mentionner Marie de l’Incarnation, Arthur Buies, Émile Nelligan,
Anne Hébert, Jacques Ferron, Marie-Claire Blais, Jacques Poulin et Dany Laferrière.
Certes, d’autres écrivains auraient pu faire partie de ce palmarès, mais, dans
l’esprit de la didactique du livre, je comprends que M. Laurin ait élu ceux-ci.
J’aurais toutefois aimé qu’il
précise ce qui marque le passage de la littérature canadienne-française à la
littérature québécoise, tout en rappelant que les auteurs francophones hors Québec
sont nombreux et qu’ils sont parvenus à se créer un espace éditorial, une
institution littéraire qui leur est propre.
Cela dit, le lecteur étranger qui
connaît peu ou prou la littérature québécoise trouvera dans ce «… 30 secondes»
un panorama juste de notre histoire littéraire. Il pourra prendre en note le
nom des auteurs dont les ouvrages sont susceptibles de l’intéresser. Il pourra aussi
parfaire ses connaissances en consultant la brève liste des références bibliographiques
et les différents index du livre (noms propres, œuvres, magazines et journaux,
personnages). Encore là, les choix de l’auteur se défendent, mais je crois quelques
ouvrages généraux auraient mérité d’y figurer, dont le titre de plus d’anthologies.
Ne reste qu’à souhaiter que La littérature québécoise en 30 secondes
soit non seulement largement diffusé, mais qu’il soit bien accueilli ici et
ailleurs en francophonie.
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