mercredi 27 octobre 2021

Charles Quimper

Une odeur d’avalanche

Québec, Alto, 2021, 162 p., 21,95 $ (papier), 13,99 $ (numérique).

Rêver l’impossible rêve

« Dans les petits pots les bons onguents », selon le proverbe populaire. C’est la première réflexion qui m’est venue en refermant Une odeur d’avalanche, le deuxième roman de Charles Quimper. Quelle intensité narrative y trouvons-nous, grâce à la rupture du schéma traditionnel du roman marquée par la simultanéité des actions dans des temps propres à chacune des situations qui se croisent et se décroisent. Même le temps bouscule les époques.

Le dénominateur commun des diverses péripéties, c’est le quartier Saint-Sauveur de la ville de Québec. C’est aussi le fil conducteur de chacun des cycles intitulé « La Pie de Saint-Sauveur », une chronique signée Adjutor Leroux dans laquelle ce dernier relate des événements qui ont affligé l’ensemble de la population du quartier, tout en soulignant, au bon moment, les faits relatifs à l’un ou l’autre des personnages.

Les interventions de chacun d’eux sont marquées par une typographie particulière, allant du caractère typographique choisi pour raconter Cowboy et la Dame en vert, à ceux d’une machine à écrire d’autrefois prêter à Jacob pour écrire son journal personnel et son amour de Pénélope, à celui en gras pour les articles de Leroux. Cette façon de faire m’a rappelé les habitudes typographiques de certains poètes pour marquer de façons manifestes la distance suggérée d’un vers ou pour souligner un thème majeur. Ici, Quimper crée de cette façon des bulles – non, je ne pense pas à celles que la COVID-19 nous a imposées – dans lesquelles il installe les personnages pour y faire leur propre quête identitaire.

Qu’en est-il du quartier Saint-Sauveur, un personnage en soi : « Saint-Sô, comme le surnomment affectueusement ses résidents, est un quartier ouvrier qui, dans les dernières années, accueille de plus en plus de jeunes familles et de professionnels en quête d’une vraie vie de quartier authentique. Bienvenue en Basse-Ville! »

Il est le lieu-dit de « toutes les catastrophes : séismes, inondations, pluies de grenouilles… Béni par l’apparition de la Vierge, c’est aussi le lieu d’amours dévorantes et d’indéfectibles amitiés nouées dans une enclave ouvrière baignant dans une solidarité râpeuse. Puis viennent les disparitions. Des gens et des choses sont happés par le hasard. Cette vague d’évaporations passe, comme les autres calamités, mais Saint-Sauveur n’échappe ni à la marche du temps ni à l’amnésie collective. » Pour la petite histoire, il est aussi le quartier de la famille Plouffe, roman de Roger Lemelin devenu téléroman culte des années 1950, et celui d’Alys Robi dont le succès dérangea à ce point les bien-pensants qu’on lui infligea une lobotomie.

Outre le chroniqueur Adjutor Leroux – dont le prénom m’a rappelé Adjutor Rivard (1868-1945), avocat et ardent défenseur de la langue française au temps jadis – il y a Jacob Durand, né en septembre 1960; fille-mère, sa maman était l’enfant de l’hôtelier Elzéar Durand et la compagne du Terre-Neuvien Bruce Hinton. Le couple deviendra le curateur de l’Hôtel du Cap qui, selon Jacob, « était devenu un lieu où régnait l’ennui le plus total, un ennui auquel [il n’échappait] pas. » (46)

Le fils Durand se lie d’amitié avec Pénélope Martel, née en octobre 1960. Le récit de leur relation se joue sur fond d’une imagination débridée comme les adolescents peuvent en avoir avant que le quotidien ne les rattrape. En est-il ainsi parce qu’ils captent plus aisément les signes de la nature, comme tous ces oiseaux qui volent au-dessus du quartier tout en égayant de leurs chants la morosité du quotidien? Toujours est-il que, petit à petit, sans trop bousculer leur entourage, « Jacob et Pénélope [sont] deux adolescents qui tentent de s’accrocher à leur monde en dissolution à la fin des années soixante-dix. »

« De l’autre côté de l’histoire, cinquante ans plus tard, une Dame en vert et un Cowboy solitaire recollent les fragments de leurs longues existences pour en faire quelque chose de beau, de durable. » Leur histoire révèle des fragments de la vie antérieure de chacun. Puis, il y a le miracle de leur relation amoureuse entretenue avec une fébrilité palpable et toute en retenue, comme s’ils ne croyaient pas que cela puisse leur arriver à ce moment-là de leur existence; petits pas par petits pas de danse, ils réchauffent le sentiment amoureux auquel ils ne croyaient plus. Il y a quelque chose de très attendrissant dans la relation de cette femme de tempérament joyeux et de cet homme au Stetson qui croit avoir tout vu et tout expérimenté.

Une odeur d’avalanche de Charles Quimper est une histoire de mal-aimés qui croient toujours en leur bonne étoile et que tout est possible même dans l’adversité. « Chronique de quartier, romance de voisinage, [ce roman] détricote les petits et les grands miracles, les cataclysmes et les joies qui font et défont les communautés. » L’impossible rêve peut se réaliser à condition d’accepter que le pire d’hier devienne le meilleur d’aujourd’hui.

mercredi 20 octobre 2021

Donald Alarie

Sa valise ne contient qu’un seul souvenir

Montréal, Pleine lune, coll. « Plume », 2021, 80 p., 19,95 $.

Conjuguer jadis au temps d’aujourd’hui

Vous vous souvenez de « Tout se joue avant six ans », un ouvrage du psychologue étatsunien Fitzhugh Dodson, paru en 1970, qui développe une philosophie de l’éducation s’appuyant sur l’importance des premières années de la vie d’un enfant sur son avenir. Une sorte de déterminisme sur lequel on a peu ou pas de prise, sinon que d’en assumer les conséquences.


La novella écrite par Donald Alarie, Sa valise ne contient qu’un seul souvenir, publiée par les éditions Pleine lune en cette rentrée littéraire 2021, me semble un excellent exemple de ce lien de cause à effet où un événement, un seul, survenu un jadis indéfini, mais qui peut être d’aussi loin que la petite enfance du narrateur, n’a jamais cessé de tisser une toile sur laquelle se projette toute une vie en brouillant sans cesse la même image.

Ce livre, une plaquette diront celles et ceux pour qui le nombre de pages compte plus que les qualités littéraires intrinsèques, a autant à dire qu’un long traité de psychologie pratique. Une des distinctions majeures de ce récit, c’est qu’il est écrit sur le ton d’une poésie intime, voire intimiste. Alarie trace avec finesse et dans une langue d’une grande sensibilité dont chaque mot, chaque image importe en traçant les contours d’actions actuelles sur lesquels pèse sans arrêt un événement d’un temps lointain qui, pourtant, a laissé une empreinte indélébile et troublante.

Voyez-en la trame fort bien définie en quatrième de couverture : « Un homme ne peut oublier une scène vécue dans sa petite enfance, une fin d’après-midi automnale, alors que la pluie faisait des siennes. Le jeu y occupait une grande place, mais il y régnait aussi une forte tension familiale. Ce souvenir d’un étranger aperçu devant la porte sous la pluie et la réaction troublante de sa mère viendra le hanter toute sa vie à des moments où il s’y attendra le moins. » Il en conservera, gravée dans son âme et conscience, une cicatrice qui ne guérira jamais.

La prégnance d’un événement, de prime abord anodin – l’apparition d’un étranger dans la fenêtre de la porte d’entrée de la demeure familiale –, soulève une interrogation à laquelle même toute une vie ne parviendra pas à répondre, sinon par des hypothèses variant d’un âge à l’autre, d’une compréhension ou d’une interprétation dont le temps qui passe donne diverses tonalités.

L’étranger, dont le spectre a bousculé la vie de l’enfant, aura autant de visages que les événements qu’il influencera malgré lui. La mère et la grand-mère du garçon étaient présentes ce jour de pluie, mais ne comprennent pas l’importance qu’a pris l’incident, sans pourtant le nier. L’aînée mène et mènera la discussion, même quand le père de famille, absent au moment des faits, entrera du travail, car l’ombre peut troubler la quiétude de la maisonnée. Y aurait-il là un secret de famille qui ne doit pas parvenir aux oreilles du gamin?

Chaque page de la novella est faite d’un paragraphe telle une strophe en poésie qui donne à lire une image, frappante ou étonnante, parfois d’une douceur incommensurable. Des soixante-cinq versets qui composent le récit, celui qui suit m’a particulièrement bouleversé, car il semble contenir l’essence même du propos de Donald Alarie : « C’était l’époque où l’enfant parlait peu. Sa parole n’existait pas, il vivait dans la confusion des sentiments (Stefan Zweig). Il était là pour obéir, sa vie appartenait à ses parents. Il se déplaçait dans l’ignorance, trouvant parfois son seul recours dans le jeu avec des amis réels ou imaginaires. Plus tard dans la prière, mais il douterait rapidement de son efficacité. Il se sentait bien seul, souvent intrigué, voire désemparé par le comportement des adultes, prêts à se réfugier à l’occasion dans une autre langue pour brouiller les pistes. » (58)

Sa valise ne contient qu’un seul souvenir mérite de séduire le plus grand nombre de lectrices et de lecteurs possibles et que ceux-ci y reviendront pour sa beauté littéraire, mais aussi pour évaluer l’importance insoupçonnée qu’un événement, aussi banal fût-il, imprime dans la mémoire un signe indélébile. Donald Alarie, par la simplicité volontaire de sa prose poétique et l’audace de son éditrice de la publier, joue d’un mode littéraire hors du temps présent sur lequel règne le passager, l’éphémère souvent incapable de distinguer l’utile de l’inutile.

mercredi 13 octobre 2021

Serge Bouchard

L’Œuvre du Grand Lièvre Filou

Montréal, Bq, 2021, 232 p., 11,95 $.

Étouffer l’âme des peuples colonisés

J’ai fait un tour d’Amérique en août dernier tout en restant chez moi. Ce voyage m’a permis de rencontrer un communicateur, un conteur et un écrivain hors pair : le regretté Serge Bouchard. Ce voyage en sa compagnie s’est fait à travers les pages de L’Œuvre du Grand Lièvre Filou.


Cet ouvrage « rassemble les chroniques qu’il a tenues dans le magazine Québec Science entre 2009 et 2018. Observateur hors pair, il a y partagé son admiration pour les belles inventions de même que son indignation devant la bêtise humaine, la chimie pétrolière qui intoxique la planète ou l’architecture qui enlaidit les villes et les campagnes. Par ses réflexions et sa démarche scientifique toute personnelle, l’anthropologue de renom redonne du sens et de la beauté à un monde qui s’étourdit de jour en jour. »

Serge Bouchard – comme le biologiste et océanographe Boucar Diouf – est un des observateurs de la société qu’il examine attentivement, analyse et réfléchit tout en en traçant une suite de portraits à l’intention de celles et ceux qui voient tout en technicolor ou, a contrario, tout en noir et blanc. N’oublions pas que M. Bouchard était avant tout un anthropologue qui savait traduire de façon imagée ses observations faites sur le terrain, qu’il s’agisse de lieux – forêts, villages, villes, cours d’eau –; de sociétés – Amérindiennes, blancs francophones, anglophones ou autres –; d’époques – d’aussi loin que nos connaissances permettent d’estimer les changements ou l’évolution d’hier à aujourd’hui; de cultures – selon les leaders et leurs pouvoirs, de jadis à aujourd’hui.

Ne l’ayant jamais lu, j’ai profité de la parution de ce recueil pour enfin voir de quel bois se chauffait sa plume. Pour bien faire, je me suis d’abord rappelé le champ d’expertise de l’anthropologie : « science des caractéristiques physiques, sociales, politiques, religieuses et culturelles de l’être humain, en le comparant aux animaux, ou en comparant divers peuples ou sociétés humaines. » Cette définition en tête, j’ai compris dès les premières pages comment Serge Bouchard met sa science, sa longue expérience, son humanisme solidement ancré dans sa personnalité, au service de ses recherches.

Le titre de l’ouvrage peut surprendre, mais on comprend vite qu’il balise le cadre de la démarche générale de l’auteur. « La légende veut que le Grand Lièvre Filou – le Nanabozo des Anichinabés – ait créé la Terre en courant à toute vitesse sur une île au milieu de l’océan. De bond en bond, l’île serait devenue un continent, puis le monde tel qu’on le connaît. Suivant les traces du Grand Lièvre, Serge Bouchard, anthropologue vagabond, s’est donné comme mission, à partir de ses voyages et de ses découvertes, de raconter la beauté et la mémoire de ce qui nous entoure. »

Les soixante-quatre instantanés qui composent l’essai sont présentés en quatre albums comme autant d’étapes d’un long périple sur le territoire continental, surtout celui du Québec et de communautés trop souvent oubliées. Notez les titres : la machine à pinottes, écrire le livre blanc de la poésie du monde, mon pays est un ours blanc qui rencontre un ours noir et rendez-vous à Butte des morts.

Si je devais choisir un de ces portraits, ce serait « Il était une fois à Mégoumagué… » qui nous amène « de Saint-Quentin, au Nouveau-Brunswick, à Restigouche, au Québec… » (209-211), où l’anthropologue nous fait comprendre la rupture entre l’histoire et la réalité sur le terrain. Ainsi, nous « imaginons toujours les Indiens dans de petits canots d’écorce aux rivières sinueuses. Le peuple migmag était pourtant un peuple de mer. » (210) Cela dit, il raconte qui sont « ces Autochtones qui veulent leur part de homards », un conflit qui fait hélas régulièrement résurgence sans qu’on parvienne à le solutionner.

Il y a beaucoup à retenir. Bouchard ne donne pas de leçons, mais ses observations et commentaires nous obligent à considérer ces chemins que l’histoire du Canada et celle du Québec ont empruntés sous l’égide du potentat tout puissant de l’Église et de politiciens dont la seule loi était celle de leurs intérêts et celle de leurs amis. L’écrivain n’a pas attendu que l’enfer qu’on a fait subir aux Amérindiens depuis l’arrivée des Français soit d’actualité, non pas pour décrire chacune des communautés dont il nous fait visiter les territoires actuels, mais pour les mettre en lien avec ces régions qui étaient les leurs bien avant l’arrivée des « civilisateurs » européens. Il suffit de penser aux noms qu’on a donnés à des régions ou des plans d’eau conquis dont la topographie amérindienne était en lien direct avec la géographie des lieux et qu’on a rayés de la carte au profit du lexique des saintes et des saints de la bonne mère l’Église ou d’illustres inconnus.

Serge Bouchard est avant tout un observateur de la vie qui bat et un penseur qui n’est pas entre les murs d’un laboratoire fermé hermétiquement, mais celui qui a les deux pieds ancrés sur terre et les mains dans l’humus des humains, nos frères et nous. L’Œuvre du Grand Lièvre Filou est une émouvante suite de récits illustrant les territoires anciens et de leurs habitants, si souvent et si longtemps balayés sous le tapis de l’Histoire.

mercredi 6 octobre 2021

Claude Lévesque

British blues : fractures, grandeurs et misères d’un royaume désuni

Montréal, Somme toute, 2021, 24,95 $.

Sortir ou non de la CEE

L’Angleterre m’a toujours fasciné par sa langue et sa culture, même à l’époque de mon militantisme pour un Québec indépendant. Je n’ai d’ailleurs jamais pensé que l’un et l’autre s’opposaient, c’est pourquoi j’ai choisi de faire mes études universitaires à l’Université de Montréal et à McGill. Ces raisons ont suffi pour attirer mon attention sur l’essai de Claude Lévesque, British blues : fractures, grandeurs et misères d’un royaume désuni.


Longtemps journaliste au Devoir, chargé des actualités internationales, l’auteur a profité de sa retraite pour suivre de près un événement politico-économique parmi les plus marquants des dernières années : le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne suite au bien nommé référendum Brexit.

Qu’est-ce que le Royaume-Uni, direz-vous? Jadis appelé Albion, il s’agit de l’union de quatre pays : l’Angleterre (capitale : Londres), l’Écosse (capitale : Édimbourg), le Pays de Galles (capitale : Cardiff) et l’Irlande du Nord (capitale : Belfast). Il ne faut surtout pas confondre Royaume-Uni et Grande-Bretagne, car l’Irlande du Nord ne fait pas partie de la G.-B.

Venons-en à British blues. Rappelons-nous d’abord que le Royaume-Uni a joint la Communauté économique européenne en 1973, une organisation créée en 1957 pour « mener une intégration économique (dont le marché commun) entre l’Allemagne de l’Ouest, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas. » D’autres traités ont suivi celui de la CEE pour en modifier divers aspects, notamment en élargissant la géopolitique de l’Europe « moderne », dont celui de Maastricht qui a établi l’Union européenne en 1993.

Pourquoi le Royaume-Uni a-t-il attendu 16 ans avant de joindre la CEE? « Les Britanniques sont réputés pour leur décontraction, mais aussi pour leur sens de la discipline. On reconnait leur progressisme, mais on s’étonne des privilèges dont jouit encore leur aristocratie. On les trouve polis, puis on se confronte à la grossièreté des supporters de certaines équipes sportives. Les contradictions et les fractures semblent ainsi s’inscrire aux fondements de cette nation qui, il n’y a pas très longtemps, régentait la moitié du monde. »

Or, ces traditions n’ont rien perdu de leurs empreintes historiques en se joignant à la CEE, notamment en refusant l’euro comme monnaie commune et en conservant la livre sterling. Par contre, le Royaume-Uni s’est rapproché physiquement de la France grâce au Tunnel sous la Manche, long de 50,5 kilomètres, dont la construction a été entreprise en 1987 et complétée en 1993-1994. C’est par ce tunnel que transitent les marchandises, le train Eurostar de type TGV et, en ces temps de migration, celles et ceux qui risquent leur vie pour se rendre en Angleterre, pays qui, espèrent-ils, les accueillera. Pour avoir séjourné à Douvres, à proximité de la sortie anglaise du tunnel, je vous assure que la circulation routière est lourde et constante jour et nuit.

De retour à British blues, on apprend que, « depuis des années, Claude Lévesque souhaitait en apprendre plus sur cette "perfide Albion" que l’on connaît mal et que bien des gens préfèrent ignorer; sur ces "Anglais" dont on ridiculise la cuisine alors qu’on s’en inspire abondamment. Le Brexit a hâté sa décision : entre 2018 et 2019, il a séjourné plusieurs mois à travers le pays. Dans ce livre, il brosse le portrait d’une nation à la fois déchirée et résiliente, festive et impassible, accueillante et nationaliste. » Il suffit de passer en revue la table des matières de l’essai pour constater que le titre de chacun des quinze chapitres qui le composent trace clairement la route sur laquelle Claude Gravel nous sert de guide avisé, le Brexit servant de boussole qui oriente son périple qui devient ainsi le nôtre. Sa plume de journaliste aguerri, associée à son talent de conteur vulgarisateur, fait de son livre un récit de voyage dans l’univers passé, présent et à venir de la Grande-Bretagne.

L’essayiste conclut avec justesse ce voyage initiatique : « Au cours de l’Histoire, les Britanniques ont souvent vu le "Continent" la source de menaces de divers ordres : absolutisme, chaos révolutionnaire, conquêtes napoléoniennes, bolchévisme, nazisme, etc. Le Brexit s’explique davantage par la vieille méfiance face aux Européens que par un racisme ou une xénophobie "made in the UK". »