mercredi 15 mars 2017

Susie Hodge
100 chefs-d’œuvre de l’art
Montréal, Hurtubise, 2017, 432 p., 39,95 $.

Le musée domestique

Il y a toujours eu des œuvres d’art dans mon univers, à commencer par cette maison québécoise d’antan, une aquarelle de Wilfrid Corbeil des années 1950. Puis se sont ajoutés des Lahmi, des Hudon, un autre Corbeil, un Rousseau, deux Alexandre, etc. C’est sans compter les monographies venues des musées visitées de par le monde qui nourrissent le souvenir des lieux et des œuvres scrutées, et font fuir l’oubli des détails ou des couleurs.
Mais, tous n’ont pas l’occasion d’aller voir le Musée national des beaux-arts du Québec, celui de Montréal ou ceux d’ailleurs partout sur la planète. Heureusement, il y a aujourd’hui la magie d’Internet qui permet de visiter, virtuellement, nombre de hauts lieux muséaux où nous n’irons jamais, un privilège dont il ne faut pas s’en priver. 



Il y a aussi de remarquables ouvrages dont celui de Susie Hodge, 100 chefs-d’œuvre de l’art, véritable visite guidée faisant halte devant des toiles de toutes les époques — d’avant 1500 au 20e siècle — accrochées au mur de musées aux quatre coins du monde. Un voyage autrement impossible.
Qu’a de particulier cet énième livre sur l’art pour qu’il attire tant mon attention et, surtout, la retienne des heures durant? Il va de soi que ce sont d’abord les nombreuses illustrations de haute qualité sur lesquelles on s’attarde, mais cela ne justifie pas complètement le temps qu’on y passe. C’est plutôt son organisation visuelle et les informations détaillées sur les œuvres qui sont captivantes.
Ainsi, chacune d’entre elles est présentée sur quatre pages, les deux premières fournissant des renseignements biographiques de l’artiste et de l’importance spécifique de cette peinture dans l’ensemble de son œuvre. On ajoute, ici et là, soit une autre de ses toiles se rapportant à celle étudiée ou celle d’un autre artiste qu’il l’a inspirée dans sa facture, dans le sujet développé ou qu’il a lui-même influencé. Ces notes historiques nous rappellent que jadis les peintres ne disposaient pas des moyens d’aujourd’hui, l’éventail des couleurs par exemple ou les moyens de communication leur permettant de constater par eux-mêmes le travail d’autres artistes de leur époque. Certains voyageaient, alors que d’autres, plus sédentaires, se consacraient exclusivement aux travaux que des mécènes leur commandaient.
Revenons aux 100 chefs-d’œuvre de l’art. Les deux pages suivantes s’attardent à six ou sept détails de la toile dont ils expliquent l’importance d’un personnage par rapport à d’autres y figurant, la technique picturale employée par le créateur, sa façon de reproduire la texture des vêtements, la composition de l’ensemble du tableau (aussi appelé la mise en scène) ou d’autres détails sur lesquels on attire notre attention.
De prime abord, cette façon de présenter les chefs-d’œuvre m’a rappelé cette guide du Musée des Offices, à Florence, qui a informé le groupe de visiteurs qu’elle allait leur faire connaître « ses » œuvres, c’est-à-dire les tableaux qui la touchaient plus que tout autre. J’ai trouvé cette approche très intelligente puisqu’elle m’a obligé à observer avec plus d’attention et à mieux apprécier un nombre limité d’œuvres, compte tenu de la durée de la visite et du nombre d’œuvres que compte le musée, toutes formes comprises. Soyons réalistes : affirmer avoir visité quelque grand musée que ce soit ne dit pas tout puisqu’il faut y passer des jours, des semaines et plus pour en faire le tour, découvrir et apprécier la ou les collections.

Or, c’est exactement ce que 100 chefs-d’œuvre de l’art nous permet de faire : voir et revoir des œuvres remarquables aussi souvent qu’on le veut dans la quiétude de chez soi. Le livre nous permet aussi de préparer nos visites de musées où nous pourrons scruter l’original… dans le brouhaha des meutes de visiteurs et le cliquetis des appareils photo bien qu’ils soient souvent interdits dans ces enceintes.

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