Susie Hodge
100 chefs-d’œuvre de
l’art
Montréal, Hurtubise, 2017, 432 p., 39,95 $.
Le musée domestique
Il y a toujours eu des œuvres
d’art dans mon univers, à commencer par cette maison québécoise d’antan, une
aquarelle de Wilfrid Corbeil des années 1950. Puis se sont ajoutés des Lahmi,
des Hudon, un autre Corbeil, un Rousseau, deux Alexandre, etc. C’est sans
compter les monographies venues des musées visitées de par le monde qui
nourrissent le souvenir des lieux et des œuvres scrutées, et font fuir l’oubli
des détails ou des couleurs.
Mais, tous n’ont pas l’occasion d’aller
voir le Musée national des beaux-arts du Québec, celui de Montréal ou ceux d’ailleurs
partout sur la planète. Heureusement, il y a aujourd’hui la magie d’Internet qui
permet de visiter, virtuellement, nombre de hauts lieux muséaux où nous n’irons
jamais, un privilège dont il ne faut pas s’en priver.
Il y a aussi de remarquables
ouvrages dont celui de Susie Hodge, 100
chefs-d’œuvre de l’art, véritable visite guidée faisant halte devant des
toiles de toutes les époques — d’avant 1500 au 20e siècle —
accrochées au mur de musées aux quatre coins du monde. Un voyage autrement
impossible.
Qu’a de particulier cet énième
livre sur l’art pour qu’il attire tant mon attention et, surtout, la retienne
des heures durant? Il va de soi que ce sont d’abord les nombreuses illustrations
de haute qualité sur lesquelles on s’attarde, mais cela ne justifie pas complètement
le temps qu’on y passe. C’est plutôt son organisation visuelle et les informations
détaillées sur les œuvres qui sont captivantes.
Ainsi, chacune d’entre elles est
présentée sur quatre pages, les deux premières fournissant des renseignements
biographiques de l’artiste et de l’importance spécifique de cette peinture dans
l’ensemble de son œuvre. On ajoute, ici et là, soit une autre de ses toiles se
rapportant à celle étudiée ou celle d’un autre artiste qu’il l’a inspirée dans
sa facture, dans le sujet développé ou qu’il a lui-même influencé. Ces notes
historiques nous rappellent que jadis les peintres ne disposaient pas des
moyens d’aujourd’hui, l’éventail des couleurs par exemple ou les moyens de
communication leur permettant de constater par eux-mêmes le travail d’autres artistes
de leur époque. Certains voyageaient, alors que d’autres, plus sédentaires, se
consacraient exclusivement aux travaux que des mécènes leur commandaient.
Revenons aux 100 chefs-d’œuvre de l’art. Les deux pages suivantes s’attardent à
six ou sept détails de la toile dont ils expliquent l’importance d’un personnage
par rapport à d’autres y figurant, la technique picturale employée par le
créateur, sa façon de reproduire la texture des vêtements, la composition de
l’ensemble du tableau (aussi appelé la mise en scène) ou d’autres détails sur
lesquels on attire notre attention.
De prime abord, cette façon de
présenter les chefs-d’œuvre m’a rappelé cette guide du Musée des Offices, à
Florence, qui a informé le groupe de visiteurs qu’elle allait leur faire
connaître « ses » œuvres, c’est-à-dire les tableaux qui la touchaient
plus que tout autre. J’ai trouvé cette approche très intelligente puisqu’elle m’a
obligé à observer avec plus d’attention et à mieux apprécier un nombre limité d’œuvres,
compte tenu de la durée de la visite et du nombre d’œuvres que compte le musée,
toutes formes comprises. Soyons réalistes : affirmer avoir visité quelque
grand musée que ce soit ne dit pas tout puisqu’il faut y passer des jours, des
semaines et plus pour en faire le tour, découvrir et apprécier la ou les collections.
Or, c’est exactement ce que 100 chefs-d’œuvre de l’art nous permet
de faire : voir et revoir des œuvres remarquables aussi souvent qu’on le veut
dans la quiétude de chez soi. Le livre nous permet aussi de préparer nos
visites de musées où nous pourrons scruter l’original… dans le brouhaha des
meutes de visiteurs et le cliquetis des appareils photo bien qu’ils soient
souvent interdits dans ces enceintes.
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