Iain Zaczek (dir.)
Toute l’histoire de l’art de la préhistoire à nos jours
Montréal, Hurtubise, 2021, 288 p. 34,95 $.
Œuvres immortelles au temps de l’éphémère
Mon premier ouvrage portant sur l’histoire de l’art fut l’édition de 1966 de History of art : A Survey of the Major Visual Arts from the Dawn of History to the Present Day, écrit par H. W Janson, une sommité à qui on reprocha plus tard sa misogynie, car son livre passe sous silence le travail des femmes artistes. J’en ai fait l’achat, en 1968, dans le cadre d’un cours sur ce sujet donné par le Père Maximilien Boucher csv, professeur d’art et lui-même un grand artiste. La particularité de l’enseignement de ce docte consistait à nous faire littéralement toucher aux différents moyens d’expression artistique en nous obligeant à réaliser un projet à chaque étape de son programme.
Par la suite, je me suis toujours
intéressé aux monographies consacrées aux beaux-arts dans leur ensemble et à celles
qui racontent la vie et l’œuvre d’artistes peintres, sculpteurs, architectes,
designers et autres. Au fil des ans, des visites de musées, ici et en Europe, ou
d’expositions thématiques, je me suis constitué une modeste collection qui me
permet d’observer à volonté quelques-uns des chefs d’œuvres mondiaux.
Je dois ici préciser que j’ai horreur
des visiteurs qui font un marathon à travers les salles d’un musée, photographiant
à gauche et à droite des œuvres qu’ils oublieront dans leur cellulaire sans
avoir profité du moment de grâce devant ces toiles ou ces sculptures. Pour moi,
profiter pleinement des collections des grandes institutions muséales ou des
expositions temporaires sont des moments de plénitude que je peux prolonger
dans le calme domestique grâce aux remarquables monographies qu’on peut s’y
procurer.
Le plus récent livre sur ce sujet inépuisable qui me soit parvenu s’intitule Toute l’histoire de l’art de la préhistoire à nos jours et il a été écrit sous la direction d’Iain Zaczek. Ce dernier est un historien de l’art Anglais et il a publié seul ou avec d’autres de nombreux livres. C’est d’ailleurs grâce à l’ouvrage Le grand livre de l’art (Gründ, 2007) écrit par David G. Wilkins auquel Zaczek a collaboré que j’ai connu son travail. Il y a d’ailleurs certaines similitudes entre les deux livres, celui dirigé par Wilkins proposant d’abord une chronologie de l’art, puis s’intéressant à 21 thèmes qui y sont associés; par exemple, l’art du portrait, la vie domestique, le corps, la ville, etc.
Ce qui distingue l’ouvrage paru
chez Hurtubise, c’est qu’il privilégie l’ordre spatiotemporel, la chronologie
générale. Cela permet une mise en contexte historique tant de la présence et des
réalisations des artistes à leur époque que d’autres préoccupations dont l’arrivée
de nouveaux matériaux marquant l’évolution des arts. Par exemple, l’incendie de
la cathédrale Notre-Dame de Paris a rappelé le trajet historique que sa
construction a emprunté au niveau des matériaux, des changements dans les façons
de faire et de l’évolution constante des valeurs qui motivaient l’érection d’une
telle église.
En introduction, Zaczek note qu’« aucun
artiste ne peut totalement s’affranchir de son époque. L’œuvre d’art la plus
ésotérique reste affectée, au moins en partie, par l’environnement dont elle
est issue, même si l’artiste a fait de son mieux pour la séparer de la nature
et de l’expérience humaine. » J’ajoute que cela s’applique tant aux œuvres
elles-mêmes qu’à celles et ceux qui se les approprient en les regardant, les
lisant, les écoutant et je ne sais quoi d’autre. On en revient toujours aux
notions de temps et d’espace.
Toute l’histoire de l’art de
la préhistoire à nos jours emploie deux coordonnées, celle de la chronologie
et celle de l’esprit artistique qu’il a cours à chaque époque. Les détails sont
précédés d’un survol historique relatant tant la dimension sociopolitique que
les divers facteurs qui ont contribué aux créations artistiques et, il va de
soi, chacune des ères est illustrée d’œuvres significatives. Je précise ici que
ce qui est significatif en art, quelle qu’en soit l’expression, peut varier dans
le temps, l’espace et les valeurs artistiques de chacun. Zaczek réussit assez
bien à respecter une certaine unanimité de la critique artistique actuelle.
Cinq époques sont identifiées,
présentées, discutées et abondamment illustrées. Il y a ainsi l’Antiquité et le
Moyen âge (30 000 av. J.-C. à l’an 1400 de notre ère). En introduction à
cette première époque, l’auteur écrit : « Les anciens n’auraient
probablement pas été impressionnés par la plupart des formes d’art moderne. En
effet, les notions d’expérimentation et d’expression individuelles leur auraient
semblé très étranges, l’art étant avant tout fonctionnel dans la plupart des
sociétés primitives. Il est produit dans un but précis et, bien souvent, lié à
la religion. » Parmi les œuvres illustrant ces années, on retrouve les peintures
rupestres de Chauvet en France; on peut aussi penser à la ville de Pompéi dont
on n’a pas encore fini d’explorer les secrets. Je retiens aussi la toile quasi
surréaliste de Jérôme Bosch « L’enfer » (vers1500).
Suit l’époque de la Renaissance et
l’époque Baroque (1400 à 1700), la première évoquant un renouveau « des valeurs
et des styles culturels dans l’Italie du XIVe siècle, qui s’étendra
ensuite aux autres régions d’Europe. Parmi les artistes de cette ère, comment
oublier les personnages atypiques de Giuseppe Arcimboldo, ceux de Brueghel l’Ancien
ou encore du Français Nicolas Poussin et de Vermeer.
La troisième époque présentée est
celle de l’époque du Rocco et du Néoclassicisme (1700 à 1800). La première fait
référence à une surcharge dans le décor artistique en réaction au baroque alors
que la seconde marque un retour modéré aux formes et sujets plus classiques. Je
retiens l’Italien Canaletto et sa toile représentant la place Saint-Marc de
Venise, et « La tribune des Offices » où Johan Zoffany évoque la collection
du musée des Offices à Florence.
L’époque du Romantisme et au-delà
(1800 à 1899) est décrite « comme un mouvement complexe, aux multiples
facettes, qui fleurit un peu partout en Europe… Le romantisme se développe d’abord
en réaction contre la clarté, la logique et l’ordre des Lumières et du
mouvement néoclassique. » Parmi les représentants de ce siècle, je retiens
Claude Monet et sa série de toiles représentant des nymphéas, et les mers tourmentées
des toiles de Turner.
Nous arrivons enfin à l’ère Moderne
(1900 à 2017). « La période précédant la Première Guerre mondiale est l’une
des plus fertiles et des plus créatives de l’histoire de l’art, grâce notamment
à la liberté nouvelle des peintres qui organisent leur propre exposition. »
Les noms d’artistes célèbres s’accumulent ici, peut-être par leurs nombreuses œuvres
remarquables, mais aussi par une originalité constamment renouvelée au fil des
mouvements qu’ils instaurent ou auxquels ils se joignent. Je pense à Munch, Klimt,
Picasso, Dali, Magritte, Hopper, Warhol ou Bansky
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