Collectif
L’Histoire de la loi
Montréal, Marcel Didier, coll. « Les grands concepts
expliqués », 2021, 338 p., 34,95 $.
Hors-la-loi la justice?
L’instant présent étant l’actuel
étalon du temps, me semble-t-il, il n’est pas surprenant que la justice ait maille
à partir avec la loi. Mais de quoi parlons-nous : de loi ou de justice? Ces
deux mots ne sont pas synonymes, du moins dans les sociétés occidentales dites
démocratiques comme la nôtre. Comme VLB l’écrit : « La justice n’a
rien à voir / Avec la Loi parce que la Loi / Est au-dessus
de tout / Et qu’il y a juste les incapables / Qui essaient
de la changer ».
Pour tenter d’éclairer la lanterne du savoir, je me suis plongé dans un essai collectif, un livre de référence intitulé L’histoire de la loi. Faisant partie de la collection « Les grands concepts expliqués », l’ouvrage trace une vaste fresque des lois, des origines connues à celles d’aujourd’hui, évoquant ainsi divers thèmes : nous cultivons la justice, mes enfants ne seront pas jugés en fonction de la couleur de leur peau, Dieu est-il juste?, la guerre et la loi, la vengeance n’est pas la justice, les hommes naissent et demeurent libre et égaux en droits, la vraie loi est la bonne raison, etc.
Le concept de loi étant si vaste,
le collectif d’auteurs a encadré le résultat de ses recherches en six époques :
les premières lois (2100 avant J.-C. à 500 après J.-C.); le doit au Moyen Âge
(500 à 1470); de la Renaissance aux Lumières (1470 à 1800); l’avènement de l’État
de droit (1800 à 1945); un nouvel ordre international (1945 à 1980); le droit d’aujourd’hui
(1980 à nos jours).
Il appert que deux lignes
directrices convergent vers la nécessité des lois : celles édictées par un
dieu et celles obligées pour une vie en société harmonieuse. Peu importent la
ligne ou le point de vue considéré, l’application des lois est confiée soit à la
clémence ou des châtiments du dieu, soit à la bonté ou la férocité du
législateur. Il arrive même que la loi et son application se confondent au gré
de la volonté du pouvoir religieux ou politique, souvent le même.
Il faut la Renaissance et des
Lumières, 15e – 18e siècles, pour mettre un peu d’ordre
entre les lois et leurs applications. Certes, que ce soit les politiques ou le
clergé, quelle que soit la religion, aucun ne veut laisser trop de pouvoir au
jugement d’une quelconque autorité, fût-elle morale. Il suffit alors de jongler
avec les tenants et les aboutissants du système de justice qu’eux-mêmes mettent
en place pour se garder les coudées franches.
L’exploration de nouveaux territoires
et l’avènement des colonies, l’industrialisation et le commerce hors
frontières, l’instauration de démocraties éclairées et l’évolution du droit
sont autant de facteurs qui favorisent l’implantation du droit et de lois. La
séparation du pouvoir de l’application des lois suivra, encore là avec une
certaine résistance des politiques, laïques ou religieuses, grisées par le
pouvoir. Ce seront et ce sont toujours les mêmes modus operandi : tenir la
population en situation d’extrême pauvreté, loin des écoles et sous la férule d’hommes
de main capables de toutes les vilénies.
On pense rapidement à certaines
religions dont les lois sont les mêmes que celles des États qui, de toute
façon, sont entre les mains d’icelles. On doit aussi se souvenir, hélas, du rôle
d’éducateur des jeunes amérindiens confié jadis à l’Église au Canada. Il y a
aussi la faiblesse des systèmes politiques où la nomination des juges, principaux
responsables de l’application des lois, est confiée aux dirigeants en place; cette
façon de faire a parfois pour résultat de leur rendre des effets délétères.
L’histoire de la loi ne se
lit certes pas comme un récit d’une folle aventure, bien qu’à maints égards elle
le soit, compte tenu des diverses orientations qu’elle a prises au cours des siècles
et continue d’emprunter. On constate cependant sa constance de lenteur à changer
certaines conceptions, même en tenant compte du renouvellement des sociétés. La
cohérence sociale est devenue, depuis les années 1950, l’apanage de diverses révolutions
culturelles, chez nous la Révolution tranquille.
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