Normand Cazelais
Un pays de rivières
Montréal, La Presse, 2021, 328 p., 39,95 $.
Les voies d’eau québécoises
De quoi sera fait l’été 2021? Je serais bien imprudent de le prédire, mais je vous propose de parcourir dès maintenant Un pays de rivières, un remarquable ouvrage écrit par Normand Cazelais, géographe, vulgarisateur et habile communicateur. Il nous invite à découvrir 30 rivières québécoises, leur histoire et celle de leur territoire. En fin pédagogue, il relate aussi diverses anecdotes qui illustrent ce qui les distingue ou les particularise. Il ajoute à ces voyages deux cours d’eau en lien direct, le fleuve Saint-Laurent et La Grande.
Parmi les citations en exergue ouvrant le livre, je retiens celle de Henry David Thoreau : « Le mot même de rivière semble faire plus de méandres que le mot anglais "river". » Cela rappelle que le Saint-Laurent est un fleuve pour les francophones et la Saint-Lawrence River pour les anglophones; il faut comprendre que le mot "river" signifie à la fois un cours d’eau qui se jette dans un autre (une rivière) et un cours d’eau qui compte plusieurs affluents et se jette dans la mer (un fleuve).
C’est un euphémisme de dire que le
Québec est un pays d’eau où on trouve un très grand nombre de lacs et de rivières.
Ainsi, on compte plus de quatre mille cinq cents de ces dernières, dont trois
cents n’ont toujours pas de nom. L’auteur a bien raison d’écrire : « Ce
sont les rivières qui ont façonné la géographie du territoire, l’histoire et
l’organisation socio-économique du Québec et forgé, par conséquent, l’identité
singulière des Québécois. »
Il est bien vrai que les rivières
déterminent la destinée des Québécois, car elles baignent la majorité des
grandes agglomérations du territoire. Cela s’explique entre autres par le rôle
déterminant qu’eut la navigation au début de la colonie jusqu’à l’arrivée de
chemin de fer, car c’est cette voie qu’empruntaient les embarcations de nos
ancêtres et bien avant eux les peuples amérindiens, détermine les points d’arrêt
selon les besoins de l’époque.
Chacune des rivières présentées
dans Un pays de rivières est d’abord illustrée par une carte de son territoire,
de sa source à son confluent; chacune fournit aussi des données importantes :
sa longueur, sa source, son débit moyen, sa dénivellation totale et l’étendue
de son bassin versant. Par exemple, le Richelieu est long de 113 km, il prend
sa source dans le lac Champlain, son débit moyen est de 337 m3/s, sa
dénivellation totale de 29 m et son bassin versant de 23 698 km2.
Qu’écrit Normand Cazelais sur
cette même rivière qu’il considère comme « un axe stratégique ». « Ce
n’est pas la rivière la plus longue du Québec. À peine cent vingt-quatre
kilomètres séparent sa source, le lac Champlain, de son embouchure, dans les
îles du chenal du Moine qui parsèment le Saint-Laurent. Ce n’est pas la plus
puissante non plus, même si ses riverains craignent ses sautes d’humeur à la
fin de l’hiver. Mais le Richelieu, qui paraît bien calme aujourd’hui, a eu une
histoire agitée. »
L’éditeur a bien raison de résumer
ainsi le livre : « Du Saint-Laurent à la Grande, en passant par la
Lièvre, le Saint-François, la Manicouagan ou la Romaine, l’auteur rend hommage
à plusieurs cours d’eau dans cet ouvrage richement illustré qui rappelle à la
fois le livre d’histoire, le guide de voyage et le récit. "J’ai choisi des
cours d’eau qui me semblent particulièrement significatifs. Les portraits que
j’en dresse, s’ils reposent sur des faits objectivement vérifiables, répondent
au regard que je porte sur eux", précise-t-il. Chaque rivière a son
histoire, ses traits de caractère, sa personnalité. Ensemble, elles livrent un
visage du Québec à la fois homogène et multiple qui n’appartient qu’à lui seul. »
En parcourant ce livre, en
consultant les cartes qui illustrent chacune des rivières présentées et en étant
attentif aux particularités de chacune, on a envie d’aller y voir de plus près.
En cet été 2021, cela peut facilement devenir le projet d’une balade le long de
l’une d’entre elles. Pour une promenade de proximité, outre le Richelieu, on
peut penser à la Yamaska ou à la Saint-François. Puis, cela peut devenir l’exploration
d’un territoire, la découverte de son histoire et de ce qui la distingue. Un
pays de rivières s’avère l’ouvrage parfait pour planifier divers itinéraires
et pour identifier les lieux d’intérêt où faire des haltes.
Je me suis imaginé que tous les Québécois
ont vécu le long d’une rivière à un moment ou l’autre de leur vie, sinon depuis
toujours. Ainsi, la rivière l’Assomption, que Normand Cazelais considère une « rivière
croche », a baigné mon enfance et, depuis plus de 40 ans, c’est le
Richelieu.
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