mercredi 10 mars 2021

Jean-Benoît Nadeau

Écrire pour vivre. Conseils pratiques à ceux qui rêvent de vivre pour écrire, 2e édition, revue et augmentée

Montréal, Québec Amérique, coll. « Dossiers et documents », 2021, 416 p.,26,95 $ (papier), 17,99 $ (numérique).

Vivre pour écrire ou écrire pour vivre?

Quelle mort prochaine n’a-t-on pas annoncée à l’arrivée de telle ou telle nouveauté du monde des communications? Parmi les plus récentes, les réseaux sociaux sont devenus la pierre tombale de productions médias dont il faudrait dresser une liste pour en faire ne serait-ce que l’énumération. L’écriture et la langue, par exemple, figurent toujours parmi les victimes collatérales des Facebook de ce monde comme les appareils mobiles, téléphone ou tablette.

Or, contrairement à l’hécatombe annoncée, jamais n’a-t-on tant écrit, les nouveaux médias réclamant des personnels pour alimenter les générations spontanées de plateformes émergentes. C’est pourquoi, voyant paraître une seconde édition d’Écrire pour vivre. Conseils pratiques à ceux qui rêvent de vivre pour écrire, j’ai voulu savoir où en était le prolifique Jean-Benoît Nadeau dans son analyse et ses conseils en ces matières.

D’entrée de jeu, il faut connaître la différence entre un individu qui veut écrire pour vivre et celui qui veut vivre pour écrire; le premier veut faire commerce de sa production, le second pratique l’écriture en dilettante. C’est toute la différence du monde comme le sont le peintre du dimanche et Clarence Gagnon ou Jean-Paul Riopelle, le pianiste de salon et le concertiste. Comme l’est aussi l’auteur et l’écrivain, le premier se limitant à communiquer par écrit, le second en faisant une œuvre d’art.

Revenons au guide de J.-B. Nadeau. Comme il le note, l’eau qui a coulé sous les ponts depuis la première édition de l’ouvrage en 2007, par exemple la prolifération des blogues, ces « pages Web personnelles où un internaute écrit, sur une base régulière et sur divers sujets, de courts billets au ton libre, habituellement présentés dans un ordre chronologique inversé et assortis de liens vers des pages analogues. »

Que dire de l’évolution ou de la transformation de certaines pratiques d’écriture ou des rapports avec icelles. Pensons au foisonnement de pigistes, femmes et hommes, qui sont venus nombreux grossir les carnets de contacts des journaux, papier ou numérique, des maisons d’édition, des spécialistes des rapports corporatifs de toutes sortes, etc. Sûrement que dans une éventuelle troisième édition du guide, l’auteur soulignera le travail à distance comme un facteur « aggravant » du nombre de travailleurs autonomes de l’écriture.

L’abondante matière d’Écrire pour vivre est organisée en cinq sections : proposer, se projeter, se financer ou négocier, produire et faire sa publicité. Qu’ont d’affaire ces actions à l’écriture? Il est ici question de faire commerce de compétences et de faire valoir un ou des talents en lien avec le ou les besoins d’individus ou de sociétés. Bref, on veut faire en sorte que le travail d’écrire soit un gagne-pain respectable et raisonnable.

Jean-Benoît Nadeau a une longue expérience du travail d’écrivain public, une autre façon de nommer celle ou celui qui écrit pour vivre. Ce sont ces années sur le terrain qu’il codifie en tenant compte de divers changements techniques ou sociaux survenus depuis 2007. Prêchant par l’exemple, l’auteur développe un argumentaire détaillé sur les modifications significatives du contenu de l’ouvrage, un document disponible sur le site de son éditeur Québec Amérique. Écoutons-le.

« Sur la forme, la principale innovation est l’usage d’une écriture inclusive qui suit certains principes simples comme l’alternance des genres pour les titres et fonctions génériques, la règle d’accord de proximité et de majorité. Le tout permet une lecture plus ouverte sans alourdir le texte. Sur le fond, j’ai introduit un nouveau chapitre 2 qui explique comment " trouver sa gang ". Car la réalité est que quiconque débute pour faire le métier d’écrivain n’a pas les idées très claires et la plupart des débutants entrent dans le métier en se trouvant d’abord une tribu ou un club-école. C’est dans ce chapitre que je parle des principaux canaux où l’on peut entrer, notamment les publications spécialisées. »

« Dans la section sur les idées, j’ai introduit un nouveau chapitre 7 qui porte sur l’offre de service, c’est-à-dire la manière d’offrir ses services pour un nouveau genre d’idée qui n’existe pas ou pour un projet hors cadre. Autre nouveauté : c’est dans ce chapitre que j’aborde de front la problématique de la déontologie et du conflit d’intérêts. »

« Dans les chapitres 10 et 11 sur le droit d’auteur, j’ai introduit une discussion sur le problème du plagiat : quoi faire si on est plagié et comment éviter d’être plagiaire. »

« J’ai créé une nouvelle section appelée "argent" (3e section), j’ai écrit un nouveau chapitre sur la question généralement du financement de son travail, avec une discussion sur les bourses, mais aussi les taxes de vente. Les chapitres sur la négociation sont les mêmes sauf que j’ai séparé en deux chapitres distincts la négociation sur l’argent et la négociation sur le reste (les attentes, les conditions d’exécution, la propriété, les frais et les modalités). Dans le chapitre sur le contrat et celui sur la communication, j’ai introduit une discussion sur la médiation. »

« Dans la section "produire", il y a assez peu de changement, mais j’ai beaucoup resserré et actualisé le chapitre sur la recherche. »

« Pour la dernière section sur "la publicité", j’ai fait un très gros ménage, en séparant très très clairement le chapitre sur les gestes à faire pour se faire bien voir de nos clients du chapitre suivant où l’on travaille plus activement à se faire un nom. Le dernier chapitre porte sur la publicité proprement dite, et plus exactement la campagne pour vendre un produit ou un événement spécifique (livre ou conférence, par exemple). »

« Autre petite nouveauté sympa à la fin : il y a quelques pages de "maximes à découper" pour votre "frigo déco". Incidemment, cet aide-mémoire résume parfaitement le livre. »

Ce que j’apprécie le plus d’Écrire pour vivre. Conseils pratiques à ceux qui rêvent de vivre pour écrire, c’est que J.-B. Nadeau applique les éléments théoriques qu’il professe dans la rédaction même de son livre. Quand cela ne suffit pas, il n’hésite pas à donner des exemples pratiques en les mettant en contexte, ce qui est incontournable quand il est question d’écrire pour vivre, car un même texte aura ses particularités selon le lectorat visé.

Que vous soyez étudiantes ou étudiants en lettres, en journalisme ou en recherche scientifique, vous aurez inévitablement des documents à produire dans le cadre de vos activités professionnelles. Ce guide vous sera alors d’une grande utilité et vous ne devez pas hésiter à le consulter.

(Cette chronique est inspirée de la présentation que fait l’auteur sur https://www.quebec-amerique.com/livres/biographies-idees/dossiers-documents/ecrire-pour-vivre-10375)

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