mercredi 30 septembre 2020

 Gilles Hénault

Signaux pour les voyants, poèmes 1937-1993

Montréal, Sémaphore, coll. « La vie courante », 2020, 384 p., 44,95 $.

 

Au-delà des mots pour vivre et pour dire

Une invitation à collaborer à un projet soulignant les 100 ans qu’aurait eu cette année l’écrivain Gilles Hénault (1920-1996) m’a incité à renouer avec son œuvre et à rafraîchir la mémoire de sa carrière qui fut tout, sauf banale.


 

 

« Né le 1er août 1920, il fut journaliste, syndicaliste, traducteur et critique d’art. En 1946, il fonde, avec Éloi de Grandmont, Les Cahiers de la File indienne, une collection de poésie illustrée par des artistes tels que Pellan, Daudelin et Mousseau. Il dirige la section des arts du Devoir de 1959 à 1961, le Musée d’art contemporain de Montréal de 1966 à 1971, le département des Arts plastiques de l’UQAM en 1984-1985. En 1985-1986, il préside le comité permanent du ministère des Affaires culturelles du Québec pour l’intégration des arts à l’architecture. En tant que poète ou critique d’art et de littérature, il a collaboré aux principales revues du Québec et du Canada. Il fut aussi l’un des fondateurs des revues Liberté et Possibles.

En 1972, la rétrospective Signaux pour les voyants (poèmes 1941-1962) obtient le Prix du Gouverneur général; en 1984, la Conférence canadienne des arts lui décerne son Diplôme d’honneur; en 1993, il est le lauréat du prix Athanase-David, la plus haute distinction accordée par le Québec à un écrivain; et en 2011, il est nommé Grand Artisan de la Révolution tranquille par le gouvernement du Québec.

Conférencier invité en Suisse, en Italie et en France, il participe à de nombreux récitals de poésie, tant en Europe qu’au Canada. Il figure dans de nombreuses anthologies et ses poèmes ont été traduits en plusieurs langues.

En 2006 paraît aux Éditions Sémaphore l’ensemble de sa poésie sous le titre Poèmes 1937-1993, avec une postface de Philippe Haeck. Puis, l’éditeur publie successivement Graffiti et proses diverses et Interventions critiques (2008). Gilles Hénault décède le 6 octobre 1996. »

Comme on le constate, on pourrait avoir la tentation de résumer la vie professionnelle de G. Hénault par le vieil adage  «mille métiers, mille misères ». Ce n’est évidemment pas le cas, car cela ne tient pas compte de deux facteurs déterminants : il est autodidacte ["self-made-man", disait-on à l’époque, et aujourd’hui, fils de ses œuvres] en tout et défenseur de la justice sociale. Ayant dû quitter l’école tôt, crise économique oblige, il est devenu un avide lecteur entre autres de poésie. Écrire devient, pour ainsi dire, une seconde nature, voire sa raison d’être. Ses premiers poèmes sont publiés, fin 1939, dans la revue Horizon dirigée par le Trifluvien Clément Marchand. Que dire du journalisme appris auprès de J.- C. Harvey « considéré à l’époque comme le représentant des idées modernes en marche »?

En parcourant l’anthologie anniversaire regroupant tous les poèmes de Gilles Hénault, je me suis souvenu de cette citation en exergue de la nouvelle édition d’Introduction à la poésie québécoise (Bq, 2009) de Jean Royer : « Ce n’est pas un poème qui changera le monde, mais la succession des œuvres poétiques qui sont la colonne vertébrale d’une culture, d’une civilisation ».

Au-delà des mots, c’est son engagement profond que l’ensemble de son œuvre réfléchit. C’est donc avec raison que l’essayiste Royer écrit : « On retrouve, en fait, dans la poésie de Gilles Hénault les principaux thèmes fondateurs de la poésie québécoise moderne : le temps primordial, la liberté d’aimer, la fraternité et la figure de l’Amérindien ».

Gilles Hénault aurait 100 ans cette année. Pour commémorer l’anniversaire et réhabiliter la valeur de son œuvre poétique, le Sémaphore publie donc l’intégral de son œuvre –conservant le titre Signaux pour les voyants de la précédente anthologie parue en 1972 –avec une introduction de Philippe Haeck. De plus, une centaine de personnes du milieu littéraire ont réalisé un clip vidéo où ils font la lecture de poèmes de l’écrivain; ces vidéos ont depuis été diffusés, à tour de rôle, sur le site de la maison d’édition (https://www.editionssemaphore.qc.ca/gilles-henault-100-ans-100-regards-galerie/).

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