Gilles Hénault
Signaux pour les voyants, poèmes 1937-1993
Montréal, Sémaphore, coll. « La vie courante », 2020,
384 p., 44,95 $.
Au-delà des mots pour vivre et pour dire
Une invitation à collaborer à un projet soulignant les 100 ans qu’aurait eu cette année l’écrivain Gilles Hénault (1920-1996) m’a incité à renouer avec son œuvre et à rafraîchir la mémoire de sa carrière qui fut tout, sauf banale.
« Né le 1er août 1920, il fut journaliste, syndicaliste, traducteur et critique d’art. En 1946, il fonde, avec Éloi de Grandmont, Les Cahiers de la File indienne, une collection de poésie illustrée par des artistes tels que Pellan, Daudelin et Mousseau. Il dirige la section des arts du Devoir de 1959 à 1961, le Musée d’art contemporain de Montréal de 1966 à 1971, le département des Arts plastiques de l’UQAM en 1984-1985. En 1985-1986, il préside le comité permanent du ministère des Affaires culturelles du Québec pour l’intégration des arts à l’architecture. En tant que poète ou critique d’art et de littérature, il a collaboré aux principales revues du Québec et du Canada. Il fut aussi l’un des fondateurs des revues Liberté et Possibles.
En 1972, la rétrospective Signaux
pour les voyants (poèmes 1941-1962) obtient le Prix du Gouverneur général;
en 1984, la Conférence canadienne des arts lui décerne son Diplôme d’honneur;
en 1993, il est le lauréat du prix Athanase-David, la plus haute distinction
accordée par le Québec à un écrivain; et en 2011, il est nommé Grand Artisan de
la Révolution tranquille par le gouvernement du Québec.
Conférencier invité en Suisse, en
Italie et en France, il participe à de nombreux récitals de poésie, tant en
Europe qu’au Canada. Il figure dans de nombreuses anthologies et ses poèmes ont
été traduits en plusieurs langues.
En 2006 paraît aux Éditions
Sémaphore l’ensemble de sa poésie sous le titre Poèmes 1937-1993, avec
une postface de Philippe Haeck. Puis, l’éditeur publie successivement Graffiti
et proses diverses et Interventions critiques (2008). Gilles Hénault
décède le 6 octobre 1996. »
Comme on le constate, on pourrait
avoir la tentation de résumer la vie professionnelle de G. Hénault par le vieil
adage «mille métiers, mille misères ». Ce n’est évidemment pas le
cas, car cela ne tient pas compte de deux facteurs déterminants : il est
autodidacte ["self-made-man", disait-on à l’époque, et aujourd’hui, fils
de ses œuvres] en tout et défenseur de la justice sociale. Ayant dû quitter l’école
tôt, crise économique oblige, il est devenu un avide lecteur entre autres de
poésie. Écrire devient, pour ainsi dire, une seconde nature, voire sa raison d’être.
Ses premiers poèmes sont publiés, fin 1939, dans la revue Horizon
dirigée par le Trifluvien Clément Marchand. Que dire du journalisme appris auprès
de J.- C. Harvey « considéré à l’époque comme le représentant des idées modernes
en marche »?
En parcourant l’anthologie
anniversaire regroupant tous les poèmes de Gilles Hénault, je me suis souvenu
de cette citation en exergue de la nouvelle édition d’Introduction à la poésie
québécoise (Bq, 2009) de Jean Royer : « Ce n’est pas un poème qui
changera le monde, mais la succession des œuvres poétiques qui sont la colonne
vertébrale d’une culture, d’une civilisation ».
Au-delà des mots, c’est son engagement
profond que l’ensemble de son œuvre réfléchit. C’est donc avec raison que l’essayiste
Royer écrit : « On retrouve, en fait, dans la poésie de Gilles
Hénault les principaux thèmes fondateurs de la poésie québécoise moderne :
le temps primordial, la liberté d’aimer, la fraternité et la figure de l’Amérindien ».
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