Laure Waridel
La transition, c’est maintenant : choisir aujourd’hui
ce que sera demain, préface de Dominique Champagne
Montréal, Écosociété, 2019, 376 p., 30 $.
Avons-nous vraiment le choix?
Sur une liste d’élèves, un patronyme retient mon attention :
Waridel. Anne m’apprend que sa famille – ses parents, trois sœurs et un frère –
arrive de Suisse pour s’établir sur une ferme laitière à Saint-Alexandre / Mont-Saint-Grégoire.
Aujourd’hui, le nom de Walridel est connu au Québec, au Canada et à l’international
grâce à un prénom : Laure, la benjamine qui a lancé l’alerte environnementale
et cofondé Équiterre en 1993.
Depuis, Laure Waridel n’a cessé de militer en faveur d’une
société plus équitable pour toutes les populations et d’un éveil rapide aux conditions
désastreuses de l’environnement. Déjà autrice de plusieurs ouvrages, elle a
récemment publié La transition, c’est maintenant : choisir aujourd’hui
ce que sera demain, un essai qui résume parfaitement les enjeux auxquels nous
sommes confrontés comme individu et comme société.
Initialement, ce livre avait pour but de communiquer les
résultats de sa recherche doctorale traitant « du développement durable à
la construction d’une économie écologique et socialement équitable, le début d’une
transition », un projet auquel elle a consacré plus de quatre ans. Elle
écrit à ce sujet : « J’ai documenté les nombreux défis entourant l’opérationnalisation
d’une économie écologique et sociale, sur le plan théorique certes, mais
surtout pratique. Je voulais mieux comprendre les freins et les accélérateurs
de changement. »
Le projet fut retardé notamment parce que Dominique
Champagne lui a demandé de s’engager avec d’autres dans la création du Pacte
pour la transition afin de réunir le plus de signataires possible prêts à s’engager,
« immédiatement et pour les deux prochaines années, à la mesure de ma
réalité et de mes capacités, à réduire mes émissions de gaz à effet de serre en
posant concrètement les gestes… »
L’essai publié est un remarquable ouvrage de référence sur les
connaissances actuelles en matière d’environnement et d’économie écologique. Il
est d’une rigueur intellectuelle attendue de toutes les recherches universitaires
de ce niveau. De façon métaphorique, on peut dire que les scientifiques vérifient
et contrevérifient les résultats de leurs recherches comme les journalistes d’enquête
ont le devoir de faire.
Pour Laure Waridel, le livre est « un outil d’information,
de sensibilisation et surtout d’action pour donne un élan à la transition. »
Dans les deux premiers chapitres, l’autrice « décortique quelques processus
économiques et parle de changement de paradigme », c’est-à-dire de modèle de
penser et d’appréhender l’économie qui, ne l’oublions pas, « est une
construction sociale qui opère en fonction des valeurs qu’on lui attribue. »
Les chapitres 3 à 6 sont consacrés « à des expressions
concrètes de la transition, d’un bout à l’autre du cycle économique. Comment
investir autrement, tendre vers le zéro déchet, se nourrir autrement et habiter
le territoire intelligemment? » On ne peut reprocher à Laure Waridel de s’enfermer
dans un univers intellectuel qui désincarne les réalités concrètes en ne
suggérant que des concepts flous. Je crois que son enfance et son adolescence
terrienne lui tiennent les deux pieds solidement ancrés sur terre.
Il est question dans le dernier chapitre « de droit et
de mobilisation citoyenne. Quel est le rôle des tribunaux […] pour établir une
justice climatique? Comment les grèves, les manifestations et la désobéissance
civile peuvent-elles accélérer le changement? »
La transition, c’est maintenant : choisir aujourd’hui
ce que sera demain nous oblige à réfléchir sur nos actions individuelles et
citoyennes et à faire des constats qui se transformeront en gestes et attitudes
concrets dès maintenant, ce que l’appel documenté de Laure Waridel me fait
ressentir. Et vous?
Aucun commentaire:
Publier un commentaire