mercredi 15 janvier 2020

Laure Waridel
La transition, c’est maintenant : choisir aujourd’hui ce que sera demain, préface de Dominique Champagne
Montréal, Écosociété, 2019, 376 p., 30 $.

Avons-nous vraiment le choix?

Sur une liste d’élèves, un patronyme retient mon attention : Waridel. Anne m’apprend que sa famille – ses parents, trois sœurs et un frère – arrive de Suisse pour s’établir sur une ferme laitière à Saint-Alexandre / Mont-Saint-Grégoire. Aujourd’hui, le nom de Walridel est connu au Québec, au Canada et à l’international grâce à un prénom : Laure, la benjamine qui a lancé l’alerte environnementale et cofondé Équiterre en 1993.



Depuis, Laure Waridel n’a cessé de militer en faveur d’une société plus équitable pour toutes les populations et d’un éveil rapide aux conditions désastreuses de l’environnement. Déjà autrice de plusieurs ouvrages, elle a récemment publié La transition, c’est maintenant : choisir aujourd’hui ce que sera demain, un essai qui résume parfaitement les enjeux auxquels nous sommes confrontés comme individu et comme société.
Initialement, ce livre avait pour but de communiquer les résultats de sa recherche doctorale traitant « du développement durable à la construction d’une économie écologique et socialement équitable, le début d’une transition », un projet auquel elle a consacré plus de quatre ans. Elle écrit à ce sujet : « J’ai documenté les nombreux défis entourant l’opérationnalisation d’une économie écologique et sociale, sur le plan théorique certes, mais surtout pratique. Je voulais mieux comprendre les freins et les accélérateurs de changement. »
Le projet fut retardé notamment parce que Dominique Champagne lui a demandé de s’engager avec d’autres dans la création du Pacte pour la transition afin de réunir le plus de signataires possible prêts à s’engager, « immédiatement et pour les deux prochaines années, à la mesure de ma réalité et de mes capacités, à réduire mes émissions de gaz à effet de serre en posant concrètement les gestes… »
L’essai publié est un remarquable ouvrage de référence sur les connaissances actuelles en matière d’environnement et d’économie écologique. Il est d’une rigueur intellectuelle attendue de toutes les recherches universitaires de ce niveau. De façon métaphorique, on peut dire que les scientifiques vérifient et contrevérifient les résultats de leurs recherches comme les journalistes d’enquête ont le devoir de faire.
Pour Laure Waridel, le livre est « un outil d’information, de sensibilisation et surtout d’action pour donne un élan à la transition. » Dans les deux premiers chapitres, l’autrice « décortique quelques processus économiques et parle de changement de paradigme », c’est-à-dire de modèle de penser et d’appréhender l’économie qui, ne l’oublions pas, « est une construction sociale qui opère en fonction des valeurs qu’on lui attribue. »
Les chapitres 3 à 6 sont consacrés « à des expressions concrètes de la transition, d’un bout à l’autre du cycle économique. Comment investir autrement, tendre vers le zéro déchet, se nourrir autrement et habiter le territoire intelligemment? » On ne peut reprocher à Laure Waridel de s’enfermer dans un univers intellectuel qui désincarne les réalités concrètes en ne suggérant que des concepts flous. Je crois que son enfance et son adolescence terrienne lui tiennent les deux pieds solidement ancrés sur terre.
Il est question dans le dernier chapitre « de droit et de mobilisation citoyenne. Quel est le rôle des tribunaux […] pour établir une justice climatique? Comment les grèves, les manifestations et la désobéissance civile peuvent-elles accélérer le changement? »
La transition, c’est maintenant : choisir aujourd’hui ce que sera demain nous oblige à réfléchir sur nos actions individuelles et citoyennes et à faire des constats qui se transformeront en gestes et attitudes concrets dès maintenant, ce que l’appel documenté de Laure Waridel me fait ressentir. Et vous?

Je rappelle que Laure Waridel est écosociologue PhD, professeure associée à l’UQAM, corédactrice du Pacte pour la transition et cofondatrice d’Équiterre. Spécialiste reconnue du commerce équitable et de la consommation responsable, elle est l’autrice des best-sellers Acheter, c’est voter (2005) et L’envers de l’assiette (2011), publiés chez Écosociété.

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