mercredi 8 novembre 2017

Aki Shimazaki
Fuki-no-tô
Montréal/Arles, Leméac/Actes Sud, 2017, 152 p., 18,95 $.

Entre lui et elle

L’écrivaine Aki Shimazaki devait être une élève attentive, rigoureuse, méthodique. Ses bonnes habitudes se sont entre autres traduites par l’écriture d’un nouveau roman à fréquence métronomique. Elle semble ainsi s’être fabriqué un cadre de référence littéraire, tout aussi bien organisé, dans lequel elle installe quelques personnages dont l’histoire gravite autour d’une ou deux situations conflictuelles que chacun tente de résoudre à sa façon avec un souci d’autrui, entre les bons et mauvais choix.
Fuki-no-tô, quatrième livre de la suite « L’Ombre du chardon » entreprise avec la parution d’Azami en 2014, remet en scène Atsuko Mori. Cette femme dans la quarantaine, épouse du journaliste Mitsuo Kawano et mère de deux ados, travaille sur la terre que lui a léguée son père et où elle est venue s’installer avec sa famille. Quitter Nagoya concordait avec la décision de Mitsuo de fonder sa propre revue, mais aussi de laisser tomber Mitsuko, une ancienne consœur du temps de ses études devenue sa maîtresse.




Tout va pour le mieux pour Atsuko, tant dans sa famille qu’au travail. Son entreprise agricole connaît une telle croissance qu’elle doit trouver de l’aide. En réponse à une offre d’emploi, elle reçoit Fukiko Enju. L’entrevue se déroule rondement, mais deux choses la dérangent : le peu d’expérience de cette femme mariée à un banquier et sa ressemblance avec une personne qu’elle croit connaître, mais dont elle ne parvient pas à se souvenir. Malgré cela, l’agricultrice engage Fukiko, car sa formation en administration et sa passion du jardinage sont des atouts.
Rapidement, les deux femmes harmonisent leur talent et deviennent très productives. Lorsqu’Atsuko présente son employée à sa famille comme à ses clients, les hommes soulignent unanimement sa grande beauté, ce que note aussi sa mère qui en profite pour lui rappeler, une fois de plus, qu’elle devrait être plus attentive à sa coiffure et aux vêtements qu’elle porte.
Un jour, Fukiko Enju lève le voile sur ce qui semble inquiéter Atsuko : oui, elles se connaissent puisqu’elles ont été amies au cours de leur dernière année au lycée. Fukiko eut un coup de foudre pour Atsuko, sans le lui dire. Leur relation fut surtout épistolaire, Fukiko ayant proposé d’écrire dans un cahier, à tour de rôle, un journal relatant leurs impressions et leurs sentiments. Puis, Fukiko était disparue de l’environnement de son amie aussi vite qu’elle y était entrée. Plus tard, Atsuko apprit qu’elle était mariée et avait eu un enfant.
Les retrouvailles permettaient à chacune de ranimer les sentiments qu’elles n’avaient pu ou su exprimer. À l’époque, chacune s’interrogeait sur son orientation sexuelle, sans parvenir à y répondre. Pour Atsuko, le suicide d’une cousine lesbienne dont la compagne avait exigé que leur relation soit connue de tous l’avait convaincu de réprimer ses sentiments. Quant à Fukiko, les sérieuses divergences d’opinion avec ses parents avaient créé un faussé impossible à combler, ce qu’une grossesse non désirée avait permis d’aplanir en l’obligeant de se marier et de quitter la maison familiale.
Les deux femmes découvrent, jour après jour, le sentiment amoureux qui ne les a jamais quittées, mais que le passage de la vie a éludé sans qu’elles sachent pourquoi. Deux événements vont cependant leur permettre de pousser plus loin leur quête affective. D’une part, Fukiko divorce de son mari et reprend son patronyme de Yada. D’autre part, Atsuko décide d’offrir un voyage à son mari sans les enfants, devenus assez vieux et responsables pour s’occuper d’eux-mêmes quelques jours.
Le voyage aura bien lieu, mais sans Mitsuo, retenu à Nagoya pour recevoir un prix de journalisme. Fukiko accompagnera donc Atsuko et ce sera pour elles l’occasion de pousser plus loin leur relation amoureuse. À compter de ces quelques jours loin du quotidien, les rapports entre les deux femmes changent, surtout que Fukiko a surpris son amie en lui faisant lire le cahier de leur adolescence qu’elle avait conservé et dans lequel toutes deux constatent qu’elles s’aimaient déjà à cette époque, sans savoir comment l’exprimer, l’homosexualité étant généralement mal vue de la société nipponne.
Au retour du voyage, les deux amies sont devenues de véritables amantes, profitant de la moindre occasion pour partager leur intimité. Cependant, Atsuko s’en veut de ne pas avouer sa relation à son époux, lui qui avait quitté sa maîtresse dès qu’elle avait appris cette relation. Une décision d’affaires vient à sa rescousse: décidant d’effectuer des travaux majeurs sur sa terre, elle doit contracter un emprunt à la banque, mais son époux et son amoureuse lui proposent de l’appuyer financièrement.
Atsuko décide alors d’écrire à son mari pour lui raconter ce qui lui arrive, ce passé qui l’a rejoint et qu’elle ne peut ignorer. Oui, il est un mari et un père extraordinaire, mais ce qu’elle ressentait pour lui était sa façon de détourner la réalité et de répondre au souhait de ses parents d’un amour hétérosexuel. Même s’il avait tourné la page d’un premier amour avec une camarade d’autrefois, elle découvrait une suite d’affects enfouis en elle et, contrairement à lui, elle ne pouvait quitter Fukiko.

Il n’est jamais simple, même pour une écrivaine d’expérience, de traduire les secrets ou les mystères de l’âme humaine dans une société qui les conditionnent malgré elle. Ce jardin secret, ancré ici sans jeu de mots à la trame du récit, ne laisse pas facilement éclore les sentiments qui germent en ses terres. Or, Aki Shimazaki y parvient avec une infinie délicatesse dans les mots et l’action qu’elle souffle aux personnages de Fuki-no-tô.

1 commentaire:

  1. Il me vient juste à l'esprit que je n'ai pas fait la bonne chose depuis que mon mari est revenu vers moi, je suis sur ce blog pour rendre grâce à qui le mérite, Il y a quelques couples de semaines ma vie était dans une situation terrible parce que mon mari est parti moi et je ne crois jamais que j'allais le récupérer, mais grâce à l'aide de ce puissant lanceur de sorts appelé le Dr Ekpen, ma vie est maintenant de bonne humeur, je dois recommander les services du Dr Ekpen à quiconque ils doivent contacter le Dr Ekpen via ces détails ci-dessous: (ekpentemple@gmail.com) car grâce à l'aide du Dr Ekpen, mon mariage a été rétabli.

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