Sylvie Simmons
I’m your man : la vie de
Leonard Cohen
Montréal, Édito, 2017, 576 p.,
34,95 $.
Cohen en deux temps
Il a suffi qu’un éditeur annonce la parution de Leonard Cohen : l’homme qui voyait les anges (Boréal), un essai biographique de Christophe Bold d’abord paru en France, pour que je retourne sur la carrière de ce grand artiste. Certes, le récit est fort bien documenté par un auteur qui y a consacré plus d’une vingtaine d’années dans le cadre d’un projet de fin d’études universitaires. Or, il n’est pas toujours évident de distinguer les faits de l’analyse sociolittéraire, les uns étant imbriqués dans les autres.
Je me suis alors souvenu de
l’essai biographique de Sylvie Simmons, I’m your man, the life of Leonard
Cohen (McClelland & Stewart, 2013), acheté et lu quelques jours après
le décès de Cohen, le 7 novembre 2016. Quelques frappes sur le clavier m’ont
permis de constater qu’une traduction française de cet ouvrage est parue aux
éditions montréalaises Édito, en 2017, sous le titre de I’m your man :
la vie de Leonard Cohen.
Je gardais un excellent souvenir de la façon dont Mme Simmons avait abordé et traité son sujet, peut-être parce qu’elle est une journaliste d’expérience du milieu musical, une auteure d’autres biographies – dont celle de Serge Gainsbourg, Neil Young, Johnny Cash –, elle savait très bien faire la narration du cours d’une vie que le biographié lui-même lui avait raconté au cours de diverses rencontres ou entrevues. Comme si cela n’eut été suffisant, Mme Simmons a fouillé sur la planète média à la recherche de confirmations et d’informations complémentaires de façon significative à son travail de biographe.
À la version originale de I’m
your man : la vie de Leonard Cohen, traduite intelligemment de
l’anglais (États-Unis) par Élsabeth Domergue et Françoise Vella, Sylvie Simmons
a ajouté une postface intitulée « Voyager léger » dont la dizaine de
pages sont une fresque, aussi minimaliste qu’étonnante de toute la vie de
Cohen.
Ce voyage au pays de Leonard
Cohen me fut aussi un retour à l’époque où j’étudiais à l’Université McGill, où
il a lui-même étudié, et dont les Selected Poems 1956-1968 m’accompagnent
depuis.
La biographie de Simmons a aussi projeté,
sur l’écran d’inoubliables souvenirs, les recueils de Cohen traduits par un
autre regretté écrivain, Michel Garneau. J’ai alors fait un pas de côté et relu
les poèmes de Sylvain Garneau, le frère aîné de Michel, décédé trop jeune.
Revenant à l’univers de Cohen,
j’ai sous les yeux Poèmes du traducteur (L’Hexagone, 2008), un recueil
que Michel Garneau a écrit en « traduisant Book of Longing en Livre
du constant désir pour chaque poème traduit j’ai fait le mien… » La
couverture de ces poèmes illustre, en rires enthousiastes, les amis Garneau et Cohen
réunis sur les marches du 28 de la rue Vallières, une maison appartenant à
Cohen, coin Saint-Dominique, en face du Parc des Portugais à Montréal.
Cette couverture m’a rappelé une
autre photo d’Olivier Hanigan prise à la même occasion, alors que Cohen donne sa
casquette à une jeune femme, Marie-Pierre Barathon, décédée trop tôt quelques
années plus tard; la dernière fois que j’ai croisé Marie-Pierre fut lors du
lancement de 666 Friedrich Nietzsche,
dithyrambe beublique de Victor-Lévy Beaulieu, en 2015.
Revenons à I’m your man :
la vie de Leonard Cohen, l’ouvrage de Sylvie Simmons, considéré comme la
dernière biographie de Leonard Cohen disponible en français.
« Grâce à ses chansons d’une
qualité d’écriture peu commune, Leonard Cohen est assurément l’un des artistes
les plus estimés et admirés du paysage musical des cinquante dernières années.
Il est de ceux qui, tout au long de leur carrière, ont su se réinventer pour
répondre aux attentes du public. Difficile, néanmoins, de raconter Leonard
Cohen tant il y a à dire sur cet être charismatique à bien des égards et ô
combien fascinant.
Sylvie Simmons, journaliste, l’a
fait. Elle a rencontré Cohen, ainsi que ceux et celles qui l’ont côtoyé, connu
ou aimé. Dans cet ouvrage, elle explore toutes les facettes de sa vie
d’artiste, remontant ainsi à son enfance et sa jeunesse à Montréal, baignées
dans la culture de ses origines juives; relate l’émergence de son talent
d’auteur, de poète et de compositeur, et les rencontres qui ont jalonné et
façonné sa carrière; raconte l’amoureux tourmenté et volage, et comment les
femmes ont inspiré ses plus belles compositions; révèle l’être en quête de
spiritualité et d’absolu… sans oublier ses épisodes dépressifs, sa dépendance
aux drogues et au sexe.
Sylvie Simmons a eu accès aux
archives privées de Cohen et elle a réalisé des entrevues exclusives avec ses
plus proches collaborateurs, ses ami(e)s et ses amoureuses, et avec des
artistes connus et inspirés par son travail. Il en résulte une œuvre magistrale
et très fouillée, d’une grande rigueur, mais ponctuée d’anecdotes inédites et
cocasses, qui apporte un nouvel éclairage sur la vie de Leonard Cohen. »
Leonard Cohen
Un ballet de lépreux
Paris, Seuil, 2024, 295 p.,
34,95 $.
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