mercredi 29 janvier 2025

Lise Gauvin et Fawzia Zouari (dir.)

La francophonie au féminin : un espace à inventer

Montréal, Mémoire d’encrier, coll. « Legba », 2024, 200 p., 19,95 $.

Femmes de tous les pays francophones : unissez-vous!

Devant La francophonie au féminin : un espace à inventer, un collectif dirigé par Lise Gauvin et Fawzia Zouari, mille images ont émergé de mes plus intimes convictions, dont celle évoquée par Jean Ferra en 1975 voulant que la femme soit l’avenir de l’homme. Ce livre est composé des actes de la cinquième rencontre internationale du Parlement des écrivaines francophones, tenue en avril 2024, sous les auspices du festival Metropolis bleu, en partenariat avec l’Académie des lettres du Québec.

Cet ouvrage est composé de dix-neuf communications présentées lors de cette rencontre, lesquelles reflètent des préoccupations des participantes sur les rapports avec la langue, son usage et sa vulnérabilité, sur le partage des territoires où la langue maternelle, au sens littéral, n’est pas le français, mais plutôt la langue de la société, ce qui entraîne que la littérature dite nationale peut se multiplier comme au Canada où coexistent la littérature canadienne-anglaise, québécoise et francophone hors Québec.

Le titre des cinq chapitres en balise le contenu, tout en évoquant l’étendue des projets. Ainsi, il y a « la francophonie au féminin : un espace à inventer », « les commencements : écrire quand on est une femme », « écrire en français : pour une francophonie décomplexée », « écrivaines francophones en Amérique : une espèce menacée » et « procès : les femmes qui écrivent sont-elles dangereuses? »

En parcourant chacune de ces avenues où on aperçoit l’intelligence personnalisée et diversifiée d’une francophonie à inventer, on découvre que l’ensemble des communications dessine l’architecture d’un projet global. En introduction, Lise Gauvin suggère « une francophonie revisitée et resémantisée » et Fawzia Zouari, « le Québec comme emblème d’un féminin francophone ». Pour sa part, Gérald Gaudet, président de l’Académie des lettres du Québec, souligne « un devoir de littérature. »

Chacun des chapitres s’ouvre sur une brève mise en situation, composée d’une suite d’interrogations sur le sujet abordé. Si on se concentre sur l’ensemble des questions, on distingue, sans équivoque, les pièces d’un puzzle planétaire qui, assemblées, forment une gigantesque fresque d’un univers où les femmes occupent tous les espaces fondamentaux de la société, sans aucune discrimination.

Les chapitres suggèrent des réponses concrètes à cet essaim de revendications. Ce faisant, selon la culture et l’engagement de chaque auteure, certaines problématiques sont résolues sans ambages, d’autres ont pour toute explication encore plus de questions.

Un exemple m’a particulièrement fait réfléchir : le français, langue du colonisateur. Au Québec, le colonisateur Français, après nous avoir abandonnés aux mains de l’Angleterre, n’est plus un odieux maître, mais la France conserve une aura de supériorité sur notre culture, la dépendance à l’Académie française en est un exemple. Or, nous avons notre propre Académie des lettres et, en matière linguistique, nous avons l’Office de la langue française du Québec dont la réputation n’est plus à faire au sein des pays francophones, ses divers lexiques étant à l’affut des néo-vocabulaires, dont la féminisation de titres de fonction et le vocabulaire des nouvelles technologies comme des réalités sociales émergentes.

« Comment se conjugue la francophonie au féminin? Que signifie aujourd’hui pour les écrivaines "écrire en français"? Pour qui écrivent-elles? Pourquoi? La francophonie au féminin est un ouvrage polyphonique qui met en dialogue les voix, vécus et réflexions d’écrivaines des Amériques, de l’Afrique, des Antilles et du monde arabe. Elles écrivent à la croisée des langues dans des contextes où le français se trouve en relation concurrentielle, parfois conflictuelle, avec d’autres langues. Ce livre est une prise de parole féminine sur les grandes questions qui secouent les sociétés. Penser la langue, c’est aussi penser le monde dans lequel elle est pratiquée, et penser le monde auquel les écrits s’adressent. Un monde où la voix des femmes a souvent été empêchée, sinon interdite encore aujourd’hui. Cette voix aux multiples tonalités, le Parlement des écrivaines francophones s’est donné le mandat de la faire entendre. »

Débuter 2025 par une réflexion sur « la francophonie au féminin » me semble un projet porteur d’avenir. Je vous y invite comme chacune de ces écrivaines venues de partout sur la planète de la Francophonie qu’il faut connaître, reconnaître et, surtout, protéger.

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