Lise Gauvin et Fawzia Zouari
(dir.)
La francophonie au
féminin : un espace à inventer
Montréal, Mémoire d’encrier,
coll. « Legba », 2024, 200 p., 19,95 $.
Femmes de tous les pays francophones : unissez-vous!
Devant La francophonie au féminin : un espace à inventer, un collectif dirigé par Lise Gauvin et Fawzia Zouari, mille images ont émergé de mes plus intimes convictions, dont celle évoquée par Jean Ferra en 1975 voulant que la femme soit l’avenir de l’homme. Ce livre est composé des actes de la cinquième rencontre internationale du Parlement des écrivaines francophones, tenue en avril 2024, sous les auspices du festival Metropolis bleu, en partenariat avec l’Académie des lettres du Québec.
Cet ouvrage est composé de
dix-neuf communications présentées lors de cette rencontre, lesquelles
reflètent des préoccupations des participantes sur les rapports avec la langue,
son usage et sa vulnérabilité, sur le partage des territoires où la langue
maternelle, au sens littéral, n’est pas le français, mais plutôt la langue de
la société, ce qui entraîne que la littérature dite nationale peut se multiplier
comme au Canada où coexistent la littérature canadienne-anglaise, québécoise et
francophone hors Québec.
Le titre des cinq chapitres en balise
le contenu, tout en évoquant l’étendue des projets. Ainsi, il y a « la
francophonie au féminin : un espace à inventer », « les
commencements : écrire quand on est une femme », « écrire en
français : pour une francophonie décomplexée », « écrivaines
francophones en Amérique : une espèce menacée » et
« procès : les femmes qui écrivent sont-elles dangereuses? »
En parcourant chacune de ces avenues
où on aperçoit l’intelligence personnalisée et diversifiée d’une francophonie à
inventer, on découvre que l’ensemble des communications dessine l’architecture
d’un projet global. En introduction, Lise Gauvin suggère « une
francophonie revisitée et resémantisée » et Fawzia Zouari, « le
Québec comme emblème d’un féminin francophone ». Pour sa part, Gérald
Gaudet, président de l’Académie des lettres du Québec, souligne « un
devoir de littérature. »
Chacun des chapitres s’ouvre sur une
brève mise en situation, composée d’une suite d’interrogations sur le sujet
abordé. Si on se concentre sur l’ensemble des questions, on distingue, sans
équivoque, les pièces d’un puzzle planétaire qui, assemblées, forment une
gigantesque fresque d’un univers où les femmes occupent tous les espaces fondamentaux
de la société, sans aucune discrimination.
Les chapitres suggèrent des réponses
concrètes à cet essaim de revendications. Ce faisant, selon la culture et l’engagement
de chaque auteure, certaines problématiques sont résolues sans ambages, d’autres
ont pour toute explication encore plus de questions.
Un exemple m’a particulièrement
fait réfléchir : le français, langue du colonisateur. Au Québec, le
colonisateur Français, après nous avoir abandonnés aux mains de l’Angleterre, n’est
plus un odieux maître, mais la France conserve une aura de supériorité sur
notre culture, la dépendance à l’Académie française en est un exemple. Or, nous
avons notre propre Académie des lettres et, en matière linguistique, nous avons
l’Office de la langue française du Québec dont la réputation n’est plus à faire
au sein des pays francophones, ses divers lexiques étant à l’affut des néo-vocabulaires,
dont la féminisation de titres de fonction et le vocabulaire des nouvelles
technologies comme des réalités sociales émergentes.
« Comment se conjugue la
francophonie au féminin? Que signifie aujourd’hui pour les écrivaines "écrire
en français"? Pour qui écrivent-elles? Pourquoi? La francophonie au
féminin est un ouvrage polyphonique qui met en dialogue les voix, vécus et
réflexions d’écrivaines des Amériques, de l’Afrique, des Antilles et du monde
arabe. Elles écrivent à la croisée des langues dans des contextes où le
français se trouve en relation concurrentielle, parfois conflictuelle, avec d’autres
langues. Ce livre est une prise de parole féminine sur les grandes questions
qui secouent les sociétés. Penser la langue, c’est aussi penser le monde dans
lequel elle est pratiquée, et penser le monde auquel les écrits s’adressent. Un
monde où la voix des femmes a souvent été empêchée, sinon interdite encore
aujourd’hui. Cette voix aux multiples tonalités, le Parlement des écrivaines
francophones s’est donné le mandat de la faire entendre. »
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