Jeff Hawkins
Une nouvelle théorie de l’intelligence
Texte original en anglais traduit
par Anatole Muchnik, préface de Richard Dawkins
Montréal, MultiMondes, 2023, 296
p., 24,95 $.
L’intelligence, d'hier à demain
L’intelligence artificielle, l’IA, fut un des sujets les plus discutés en 2023, notamment en raison des applications génératives qu’elle a permis de développer dont les « talents » évoluent de jour en jour. Nombre d’articles et de divers essais scientifiques, d’émissions de radio et de télé lui ont été consacrés. Ce n’est que le début, car d’autres champs d’application de l’IA émergeront. Chose certaine, on comprend peu ou pas son fonctionnement; métaphoriquement, elle est une super base de données dont les informations recueillies sont interconnectées.
« L’IA générative ou l’intelligence
artificielle générative fait référence à l’utilisation de l’IA pour créer de
nouveaux contenus, comme du texte, des images, de la musique, de l’audio et des
vidéos. » On pense à ChatGPT, Copilot de Microsoft ou aux applications produites
par Google, dont Gemini.
Sait-on que le cerveau de l’être humain est, en quelque sorte, le « siège social » de l’intelligence, mais que l’on connaît peu son fonctionnement. Jeff Hawkins, neuroscientifique et ingénieur en informatique, s’intéresse à ce domaine de recherche depuis des décennies. Une nouvelle théorie de l’intelligence, son plus récent ouvrage, fait le point sur l’état de ses recherches, de ses succès et de ses échecs, ainsi que de diverses hypothèses qui doivent être validées.
« Si les recherches en
neurosciences progressent chaque jour un peu plus, elles suscitent dans leur
sillage davantage de questions que de réponses en ce qui concerne l’intelligence.
"Le cerveau humain est la seule chose de l’Univers qui sache que l’Univers
existe", écrit Jeff Hawkins. Mais comment est générée l’intelligence?
Comment le cerveau fonctionne-t-il? C’est grâce au néocortex, la structure
cérébrale qui le compose à 70 %, et aux processus sensori-moteurs que l’humain
peut apprendre et emmagasiner une quantité phénoménale d’informations. Dans
cette optique, ce sont notre intelligence et notre savoir qui nous définissent
vraiment, et non pas nos gènes, affirme Hawkins. »
« Pour qu’il puisse exercer
pleinement ses tâches, le cerveau est organisé en plusieurs centaines de
milliers de petites unités identiques et indépendantes. Cette conception, que
le chercheur appelle la théorie des mille cerveaux, bouleverse notre manière d’envisager
l’activité cérébrale humaine. Elle ouvre une perspective inédite dans les
recherches touchant l’intelligence artificielle (IA). Mais quoiqu’il en
découle, estime l’auteur, l’intelligence des machines ne pourra jamais
véritablement rivaliser avec celle des humains. »
Cette dernière opinion n’est pas
partagée par l’ensemble de la communauté scientifique intéressée aux neurosciences
ou à l’IA, mais qui préfère être attentive aux futures découvertes relatives à l’intelligence
humaine.
L’essai de Hawkins s’adresse aussi
bien aux passionnés de neuroscience qu’à celles et ceux qui s’intéressent au cerveau
humain, à l’intelligence, la mémoire, etc.
Sans entrer dans les détails du
livre, je retiens que le « néocortex est l’organe de l’intelligence. C’est
une feuille de tissu neuronal de la taille d’une serviette de table, divisée en
des dizaines de régions. Certaines de ces régions sont chargées de la vision,
de l’ouïe, du toucher et du langage. Certaines, moins faciles à étiqueter, sont
chargées de la pensée de haut niveau et de la planification. Ces régions sont
connectées entre elles par des faisceaux de fibres nerveuses. Certaines de ces
connexions sont hiérarchiques, ce qui prête à penser que les informations circulent
d’une région à l’autre de façon ordonnée, comme en suivant un organigramme.
Mais d’autres connexions entre régions semblent très peu ordonnées, et cela
laisse entendre que les informations déferlent sur elles d’un coup. Quelle que
soit leur fonction, toutes les régions se ressemblent dans le détail. »
« Mon cerveau [d’écrire Hawkins],
plus précisément mon néocortex, produisait simultanément tout un tas de
prédictions de ce qu’il était sur le point de voir, d’entendre et de toucher. À
chaque fois que je m’emparais d’un objet, mon néocortex faisait des prédictions
concernant ce que mes doigts allaient sentir. Et chacun de mes actes suscitait
des prédictions du son qu’il était censé émettre. Mon cerveau prédisait ainsi
le moindre stimulus, comme la texture de l’anse de ma tasse de café, mais aussi
de grandes idées conceptuelles, comme le mois qu’est censé afficher le calendrier. »
L’accumulation d’informations sur un sujet donné ou sur des sujets croisés fait
en sorte que chaque être humain a un modèle du monde dans la tête.
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