Nouveau projet
« Refonte! » no 15, printemps-été 2019, 16,95 $.
Revisiter l’excellence
À l’heure où la presse écrite vit sa traversée du désert,
que plusieurs de ses piliers qu’on croyait éternel s’effondrent, un groupe de
jeunes gens, réunis sous le vocable d’Atelier 10, s’associèrent il y a sept ans
et créèrent la revue semestrielle Nouveau
projet.
Sous la direction de Nicolas Langelier, cette société se
veut le « catalyseur et connecteur des forces vives du Québec nouveau. Atelier
10 est une entreprise sociale œuvrant au développement de projets susceptibles
de nous permettre de mieux comprendre les enjeux de notre époque, de prendre part
activement à la vie de notre société et de mener une existence plus signifiante
et satisfaisante. »
Si on en juge par le vif intérêt qu’a suscité depuis Nouveau projet, tant par le nombre d’abonnés
que d’organismes publics ou sociaux qui ont contribué à son financement, le
périodique ne cesse de « publier les meilleurs auteurs et journalistes, de
soutenir les forces progressistes et novatrices sur les plans politique et
artistique, et de contribuer à l’effervescence de la société québécoise et de
la culture francophone en Amérique du Nord ».
Boulimique de la presse papier, j’ai ressenti de la fierté
de voir apparaître un tel périodique. À l’ère où l’on vend ou ferme des médias,
la venue d’un semestriel d’une telle qualité journalistique et d’une grille graphique
originale m’a réjoui. Depuis, je n’ai jamais été déçu par la variété des sujets
abordés, la diversité et le sérieux des points de vue élaborés.
Le 15e numéro, printemps-été 2019, se veut « une
petite refonte » de son contenu et de sa présentation graphique. Côté
visuel, cela se traduit par une mise à jour des fontes de titraille et une mise
en page repensée. Côté articles, la revue parle « davantage de ce qui se
fait dans toutes les régions du Québec, [accroît] la diversité des collaborateurs
et des sujets, [présente] encore plus d’idées susceptibles de changer nos vies. »
Les lecteurs fidèles ne s’égareront
pas dans les méandres de nouveautés mal avisées, mais constateront que l’équipe
a bonifié son offre journalistique en tenant compte de remarques des lecteurs
et des membres de cette même équipe.
En introduction, le rédacteur en
chef écrit : « Alors qu’on croyait la planète plus petite que jamais,
il semble y avoir, ici comme ailleurs, un fossé grandissant entre "eux"et"nous".
Où est passée notre impression d’un avenir partagé? » Son analyse de la
situation, de ses causes et de ses effets me semble plus que pertinente à
quelques heures du dépôt d’un projet de loi sur la laïcité de l’État québécois.
Parmi les rubriques ou chroniques de
ce numéro, je retiens le «résumé de trois idées fortes tirées de publications
récentes» qui m’a rappelé le Reader’s
Digest de mon enfance, une revue qui a suscité ma curiosité sur des sujets
ou des enjeux auxquels un adolescent des années 60 n’était pas généralement
intéressé. « Mode de vie » s’intéresse au deuil; dans l’accroche de « Réparer
notre rapport au deuil », Marie Claude Élie-Morin rappelle que « ceux
qui ont déjà perdu un être cher savent que la véritable empathie est rare. »
Quant au « Dossier », les articles portent sur l’état des lieux de pays
étrangers dont la région amazonienne, la Syrie, les rues d’Édimbourg et de Dakar,
l’Amérique centrale et « la distante Asie ». Bref, des heures de
lecture et de l’eau au moulin de réflexions sociétales.
Pour celles et ceux qui ne reconnaissent
pas la jeune femme en une, il s’agit de Régine Chassagne, cofondatrice du groupe
Arcade Fire, qu’interviewe Nicolas Langelier.
Sur ce, je retourne à « Depuis
que j’habite seule », une création originale signée Durga Chew-Bose, essayiste
et critique indo-canadienne vivant à Montréal, et à « Les petites routes »,
une fiction de Juliana Léveillé-Trudel.
Thomas O. Saint-Pierre
Miley Cyrus et les malheureux du siècle : défense de notre époque
et de sa jeunesse
Montréal, Atelier 10, coll.
« Documents », 2018, 112 p., 12,95 $ (papier), 6,99 $
(papier).
Les plus âgés qui ignorent qui est Miley Cyrus ont intérêt à
lire le 13e essai de la
collection « Documents », sous-titré "défense de notre époque et
de sa jeunesse". Il met en relief quelques éléments du faussé
générationnelle actuelle. « Ceci est un livre sur notre rapport à notre
époque — mais aussi à la jeunesse qui incarne, dans notre esprit, ses carences
et ses excès. Une époque que nous détestons, de manière générale. Pas toujours
sans raison, bien entendu, mais avec une paresse intellectuelle qu’on réserve
habituellement à la condamnation des frasques des chanteuses populaires.
Constitué d’une série d’observations ayant Miley Cyrus comme pivot, cet essai
n’a pas pour ambition de montrer que notre époque est au-dessus de tout reproche,
mais seulement que cette autoflagellation en dit plus long sur nous que
sur elle. »
Christiane Bailey et Jean-François Labonté
La philosophie de l’abattoir,
Montréal, Atelier 10, coll. « Documents », no 14, 2018, 104 p.,
12,95 $.
Cet autre titre de cette collection alimente des "réflexions
sur le bacon, l’empathie et l’éthique animale". Les auteurs s’interrogent
sur ce qu’« aurait l’air une société juste envers [eux]?
Comment repenser le cadre éthique, politique et social qui balise nos relations
avec eux? Ces questions suscitent un débat collectif qui s’annonce comme l’un
des plus importants du 21e siècle. Entre les habitudes culturelles
et les discours antispécistes, beaucoup peinent à se faire une opinion. Pour
nous outiller, ce livre dresse une synthèse limpide et vivante des arguments
invoqués dans cette discussion. Il y est question de poulets à ressorts, de
citoyenneté animale et de désobéissance civile, et aussi de ce que nous voulons
léguer aux générations à venir. » À l’heure des préoccupations écologiques et environnementales, il ne
nous faut plus être plus bêtes que les bêtes elles-mêmes.
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