Bruno Jobin
Le cri de l’enfantôme
Gatineau, Vents d’Ouest, coll. « Azimuts », 2019, 168
p., 18,95 $.
Maître ès accumulation
et ironie
Il y a longtemps que je n’ai pas
recensé un roman de Bruno Jobin qui publie aujourd’hui son neuvième opus, Le cri de l’enfantôme. Mon silence sur
ses livres n’est pas un jugement sur leurs valeurs littéraires, mais un signe
de mon désintérêt aux polars ce genre que l’auteur affectionne. D’ailleurs, je
suis aussi muet sur le travail d’autres écrivains au talent reconnu.
C’est d’ailleurs à un de ceux-là,
Réjean Ducharme, que M. Jobin emprunte un élément du titre de son histoire, Les Enfantômes, une œuvre du regretté écrivain
parut chez Gallimard en 1976. Ce faisant, je crois que le Johannais a voulu rendre
hommage au plus discret membre de la communauté littéraire québécoise.
Qu’en est-il du Cri de l’enfantôme? Le résumé de la
trame suggéré en 4e de couverture étant fidèle au récit, sans tombé
dans l’accroche publicitaire, je vous la propose :
« Un gamin de sept ans séquestré dans une cage, une mère ado au look
gothique, une copine star de cinéma, une cousine originaire de Mongolie, une
sourde-muette adepte du vaudou. Au cœur du drame, un narrateur dans la
vingtaine, bras rachitique, pied bot, et dont l’œil gauche épie une araignée au
plafond. En orbite, un trio de mousquetaires désœuvrés. Dans un bar de
danseuses, une certaine Miss Nobody. Et au QG des flics, Hercule Poirot et
Woody Allen sur la piste d’un tueur en série. Bienvenue dans cet univers
insolite où les rossignols sont des pédophiles, les injections d’arsenic un
modus operandi, et les smarties de sacrés indices. Ponctuée par un humour corrosif,
nourrie par une imagination débridée, voici l’incroyable histoire d’un homme
hanté par le fantôme de l’enfant qu’il porte en lui, telle une malédiction. »
L’auteur Jobin a abondamment puisé
dans l’univers de la littérature française en utilisant des écrivains de renom —
je pense ici à Charles, Arthur ou Paul qui renvoient à Baudelaire, Rimbaud et
Verlaine — pour en faire des personnages correspondant à leur histoire
personnelle ou à celle tirée de leurs livres. M. Jobin fait également référence
à d’autres artistes ainsi qu’à d’autres aspects de l’univers de la littérature
dont des figures de style comme l’analogie, l’accumulation, l’énumération ou le
calembour dont il souligne l’existence tout en n’hésitant pas à faire grand usage.
Trop ou pas assez? À chacun d’en juger.
Ultimement, je me suis demandé, au
tournant d’une page ou de l’un des chapitres, où allait me mener un tel pot-pourri.
Fait-il qu’un tel montage d’éléments disparates, mais bien centrés sur la
trame, m’étourdisse au point de cesser séance tenante ma lecture ou plutôt devais-je
considérer l’ironie qu’un tel amoncellement de clichés — puisés dans tous les
domaines, de la publicité aux croyances populaires, des dictons bon enfant aux
truismes des images les plus simplettes — met en relief? J’ai bien fait de poursuivre
la lecture, retenu par le ton moqueur que le romancier semble avoir choisi pour
être le pivot même de la trame du récit, mettant ses vastes connaissances au service
de sa créativité.
Croyez-moi, ce trop-plein de références
amuse bien plus qu’il ennuie.
Un mot sur les Éditions Vents d’Ouest.
« Organisme
sans but lucratif, la maison, fondée en 1993, compte présentement 220 titres
inscrits au catalogue et répartis en neuf collections. Vents d’Ouest se consacre à l’édition d’œuvres littéraires et a pour
mandat de développer, de promouvoir et de diffuser une littérature authentique
de haute qualité, tant à l’échelle régionale que nationale, en plus d’agir
comme animateur culturel dans la région de l’Outaouais. Les objectifs de la
maison sont de soutenir la création, d’encourager la relève et de contribuer à
la diversification de la littérature. »
Aucun doute, l’éditeur a bien fait son travail
en publiant Le cri de l’enfantôme. À à nous d’en découvrir les péripéties.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire