Salon du livre de
Montréal 2018
Lire autrement
Il y a des lustres que j’ai cessé
de comptabiliser le nombre de salons du livre et de festivals littéraires qui
se tiennent annuellement au Québec. Il en va de même des nouvelles maisons
d’édition qui, à l’encontre de ce que l’on peut croire, poussent comme des
champignons d’une saison à l’autre. Que dire des distributeurs de livres qui
font le lien entre les éditeurs et les librairies, sinon qu’ils traversent eux
aussi des changements majeurs qui, tôt ou tard, auront une résonnance dans le
portefeuille des lecteurs, individus et bibliothèques publiques.
Pour faire un tour d’horizon et
observer l’état des lieux du monde du livre d’ici et d’ailleurs, quoi de mieux
que le Salon du livre de Montréal. Cette grand-messe annuelle qui s’ouvre
aujourd’hui, 14 novembre, et se terminera le lundi 19 novembre, à la Place Bonaventure.
Ce 41e Salon marquera,
nous a-t-on prévenus, une transition tant dans les orientations qui l’ont guidé
à ce jour que dans sa forme et que cela se poursuivra en 2019. Le nouveau
directeur général du SlM, Olivier Gougeon, vient du monde de l’édition et
succède à Francine Bois, en poste depuis 32 ans. Le dg a accepté de relever le
défi de reprendre la barre de cet immense bateau qu’est le SlM et d’opérer d’importants
changements en tenant compte de ceux qu’a connus le monde du livre, tant au
Québec qu’à l’étranger, au cours des dernières années.
Il a ainsi tenu compte de la
parité hommes-femmes, expression tendance, dans le choix des invités d’honneur
qui sont : Joséphine Bacon, poète
autochtone et réalisatrice; Samuel
Champagne, auteur jeunesse LGBTQ+; Martine Delvaux, romancière et essayiste; Marianne Ferrer, auteure et illustratrice; Dany Laferrière, auteur et académicien; Heather O’Neill, auteure anglo-montréalaise; Alain Vadeboncœur, chef du service de
médecine d’urgence de l’Institut de cardiologie de Montréal, professeur, auteur
et chroniqueur; et Bernard Werber,
auteur parmi les plus lus en France.
Une nouveauté qui, à mon avis,
n’en est pas vraiment une est celle de la présence d’écrivains anglo-québécois.
Les plus âgés, rictus aux lèvres, penseront immédiatement à Mordecai Richler dont
on redécouvre l’œuvre rééditée par Boréal dans une remarquable traduction
signée Lori Saint-Martin et Paul Gagné. Il y a aussi Heather O’Neill dont deux livres ont été traduits
par Dominique Fortier et publiés par Alto; Les Beed de Dimitri
Nasrallah paru à La Peuplade; ou Nous qui
n’étions rien (Alto) de Madeleine Thien. Etc.
Autre nouveauté, loin des soucis des visiteurs
celle-là : la distribution des livres dans le réseau des ventes a connu
des changements majeurs, des maisons d’édition passant d’une agence à l’autre. Or,
les exposants du SlM étant justement regroupés sous la bannière des distributeurs,
il faut donc pouvoir identifier l’ilot où loge tel ou tel éditeur et, surtout,
leurs auteurs anciens comme nouveaux.
Par exemple, les éditions de La Grenouillère qui
a récemment réédité les premiers livres de L.-P. Hébert — Le Roi jaune, Le cinéma de
Petite-Rivière et Le dernier
catéchisme illustré, ouvrages illustrés par Micheline Lanctôt — et publié,
entre autres, Une peine d’amour, roman graphique
de Félix Crépeau, loge sous la bannière de Dimedia (stand 460). Où trouver les
polars de Louise Penny ou À la soupe
de Josée Di Stasio? Sous la bannière de Flammarion, éditeur et diffuseur (stand
532).
Le guide du salon, disponible sur
Internet (http://www.salondulivredemontreal.com/),
est une référence indispensable pour tous les visiteurs, surtout si vous passez
au Salon au cours de la fin de semaine alors que la foule accourt voulant
battre des records. Le meilleur outil pour
préparer son passage au SlM demeure le carnet du visiteur, accessible
sur le site du SlM; il permet de
choisir chez soi parmi les nombreuses séances de dédicace, tables rondes, conférences,
ateliers et autres activités auxquels on veut assister.
La visite du Salon du livre de
Montréal, le plus important du genre, est une activité familiale exigeante, prévoyez
donc des pauses. Surtout, n’hésitez pas à parler avec les nouveaux auteurs sur
place, intéressez-vous à autre chose que les ouvrages à succès et prenez de
l’avance sur la littérature de demain. Surtout, notez les livres qui vous intéressent
et passez chez votre libraire johannais pour les acheter.
Sur ce : bon Salon du livre
de Montréal, à la Place Bonaventure, à un jet de pierre du terminus du 1000 de
la Gauchetière.
La lecture en cadeau
2018
La Fondation pour
l’Alphabétisation poursuit son partenariat avec le Salon du livre de Montréal
afin de sensibiliser les visiteurs à une cause qui lui est chère: «La lecture
en cadeau». Créé il y a 20 ans, ce programme national vise à prévenir
les difficultés de lecture et d’écriture susceptibles de mener au décrochage
scolaire, puis à l’analphabétisme. Pour un enfant issu d’un milieu défavorisé,
c’est souvent le premier livre neuf qu’il reçoit et il l’apprécie d’autant plus
la valeur d’un livre neuf, surtout dans un contexte où il a été choisi spécialement
pour lui par un donateur anonyme.
L’objectif cette année est de
recueillir 100 000 livres et plus. Les dons recueillis par la fondation,
les librairies indépendantes ou les bibliothèques participantes partout sur le
territoire, en novembre et décembre, seront remis aux enfants le printemps
prochain.
Aux côtés de ces enfants se
trouvent souvent des parents faibles lecteurs, cantonnés dans des secteurs d’emploi précaire mal
rémunéré ou sans emploi. Or, le parcours scolaire de ces adultes influe directement
sur celui de leurs enfants. Donner un livre neuf à un enfant permet à la
Fondation d’entrer aussi en contact avec des adultes qui voudraient un jour
entreprendre une démarche d’alphabétisation dans le but de contribuer à
l’éducation et à la qualité de vie de leurs enfants.
À ce jour, «La
lecture en cadeau» a rejoint plus de 500 000 enfants issus
de toutes les régions du Québec et la Fondation a pour objectif de soutenir
encore plus d’enfants. «Offrir un livre neuf à un enfant, c’est percer le
mur, faire entrer la lumière et lui permettre enfin de découvrir le champ des
possibles », de dire Salomé Corbo, porte-parole du programme.
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