vendredi 16 novembre 2018

Le Prix littéraire des collégiens 2019 : la controverse

La participation volontaire d’étudiants, filles et garçons, à une activité de lectures d’œuvres québécoises et de débats, a quelque chose de rassurant tant pour les habitudes de lecture que pour la pérennité de notre littérature. Ce sont là les aspects, éducatif et social, du Prix littéraire des collégiens, du moins ce que j’en ai compris quand j’ai participé à son instauration, avec des collègues, au Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu.
Ayant consacré la majeure partie de mes activités professionnelles à la défense et à l’illustration de notre patrimoine littéraire, j’ai continué à m’intéresser au Prix même à la retraite. Je vois dans cette activité l’indissociable partenariat écrivains, éditeurs, distributeurs et libraires québécois.
Or, les gestionnaires du Prix littéraire des collégiens, en acceptant que la société Amazon devienne le principal partenaire financier, ont lézardé cette fragile indissociabilité. Ils n’ont pas ou ils ont mal évalué « l’acceptabilité sociale » de ce nouveau partenariat. La levée de boucliers qui a suivi a presque fait oublier les œuvres en lice et leurs auteurs. Il en est de même du débat provoqué : on ne peut être pour ou contre l’activité scolaire ou parascolaire dont découle le choix des collégiens et on doit trouver des partenaires financiers pour assurer sa viabilité, puis sa pérennité.
Peut-on parler ici d’un choix de société? Dans une certaine mesure, je crois que oui, un choix en phase avec le projet éducatif de la formation générale des collèges. Non seulement les étudiantes et étudiants doivent-ils acquérir des connaissances et développer des habiletés, mais on doit faire d’eux des citoyens avisés et responsables. Or, dans le contexte socioculturel actuel, il est inconvenant qu’une société reconnue pour avoir miné, entre autres, le milieu des librairies états-uniennes s’associe au Prix littéraire des collégiens.
Quel est le statut légal du Prix? Est-ce un organisme à but non lucratif ou d’un autre type? Quelles peuvent être ses sources de financement qui respectent l’indissociable partenariat écrivains, éditeurs, distributeurs et libraires québécois? Même si tous les intervenants au dossier souhaitent que l’activité poursuive sa mission, et j’en suis, en a-t-on les moyens?
Ce sont là des questions auxquelles il faut répondre maintenant.

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