Le Prix littéraire
des collégiens 2019 : la controverse
La participation volontaire
d’étudiants, filles et garçons, à une activité de lectures d’œuvres québécoises
et de débats, a quelque chose de rassurant tant pour les habitudes de lecture
que pour la pérennité de notre littérature. Ce sont là les aspects, éducatif et
social, du Prix littéraire des collégiens, du moins ce que j’en ai compris
quand j’ai participé à son instauration, avec des collègues, au Cégep
Saint-Jean-sur-Richelieu.
Ayant consacré la majeure partie
de mes activités professionnelles à la défense et à l’illustration de notre
patrimoine littéraire, j’ai continué à m’intéresser au Prix même à la retraite.
Je vois dans cette activité l’indissociable partenariat écrivains, éditeurs,
distributeurs et libraires québécois.
Or, les gestionnaires du Prix
littéraire des collégiens, en acceptant que la société Amazon devienne le
principal partenaire financier, ont lézardé cette fragile indissociabilité. Ils
n’ont pas ou ils ont mal évalué « l’acceptabilité sociale » de ce nouveau
partenariat. La levée de boucliers qui a suivi a presque fait oublier les
œuvres en lice et leurs auteurs. Il en est de même du débat provoqué : on
ne peut être pour ou contre l’activité scolaire ou parascolaire dont découle le
choix des collégiens et on doit trouver des partenaires financiers pour assurer
sa viabilité, puis sa pérennité.
Peut-on parler ici d’un choix de
société? Dans une certaine mesure, je crois que oui, un choix en phase avec le
projet éducatif de la formation générale des collèges. Non seulement les
étudiantes et étudiants doivent-ils acquérir des connaissances et développer
des habiletés, mais on doit faire d’eux des citoyens avisés et responsables.
Or, dans le contexte socioculturel actuel, il est inconvenant qu’une société
reconnue pour avoir miné, entre autres, le milieu des librairies états-uniennes
s’associe au Prix littéraire des collégiens.
Quel est le statut légal du Prix?
Est-ce un organisme à but non lucratif ou d’un autre type? Quelles peuvent être
ses sources de financement qui respectent l’indissociable partenariat
écrivains, éditeurs, distributeurs et libraires québécois? Même si tous les
intervenants au dossier souhaitent que l’activité poursuive sa mission, et j’en
suis, en a-t-on les moyens?
Ce sont là des questions auxquelles il faut
répondre maintenant.
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