mercredi 19 septembre 2018


Bibliothèque québécoise

30 ans de patrimoine littéraire

Bibliothèque québécoise célèbre ses 30 ans. D’abord une collection de livres, cette maison d’édition est née du partenariat Fides, Leméac et HMH. Ces éditeurs établis ont ainsi mis en commun leurs catalogues respectifs qui représentaient alors une part importante du patrimoine éditorial au service du livre format de poche.




D’autres collections du même format existaient déjà. Ainsi, Le Cercle du livre de France a lancé, en 1967, la collection CLF-Poche qui publia, entre autres, Roger Lemelin. Les éditions du Jour projetaient, en 1971, de « publier régulièrement des nouvelles inédites des meilleurs conteurs du Canada français »; Marcel Dubé y fit notamment paraître un récit intitulé Le train du nord, le roman de Francine. En 1984, l’Hexagone lança Typo. Il y aussi la collection Boréal compact, Coda chez Alto, et j’en passe.
Aujourd’hui, les opérations de Bibliothèque québécoise sont gérées conjointement par Leméac et Hurtubise. Non seulement ont-ils poursuivi son développement, mais ils assurent la pérennité de « la seule maison d’édition consacrée uniquement au livre de poche au Québec ». Le catalogue de Bq compte actuellement 300 titres, des « livres d’avant-hier (patrimoine allant des écrits de la Nouvelle-France aux années de l’après-guerre), ceux d’hier (œuvres des années 1960 à 2000) et ceux d’aujourd’hui (ouvrages des années 2000 à maintenant). »
En entrevue à Isabelle Beaulieu, journaliste web de la revue Les libraires, l’éditeur Pierre Filion explique : « Notre sélection opère sur les trois bases de la qualité, de la pertinence et de l’actualité: qualité littéraire des textes qui ont survécu à l’époque de leur publication originale; pertinence de remettre en circulation des textes fondateurs, littérairement déjà salués, historiquement importants et marquants dans le corpus de la littérature et de la culture québécoise; actualité et permanence des voix nouvelles ou des anciennes voix ainsi mises et remises en circulation. Notre sélection met en valeur la pluralité des voix, des genres et des thèmes qui ont contribué au fondement, au développement et à la modernité de la littérature québécoise. »
Ces propos reflètent la réalité du catalogue de Bq, véritable invitation à voyager du 19e  siècle de Philippe Aubert de Gaspé à l’époque actuelle de Marie-Renée Lavoie ou d’Anaïs Barbeau Lavalette; d’Anne Hébert à Jacques Ferron; d’Antonine Maillet à Marc Séguin; de Pierre Des Ruisseaux à Jocelyne Saucier; etc.
Mon intérêt pour ce format de livre me vient de mes études classiques, dans les années 1960, alors que le « Livre de poche » proposait à vil prix les œuvres de Sartre, Camus Françoise Sagan et d’autres contemporains. Un jour, un ami et moi faisions du porte-à-porte pour une œuvre caritative dans la ville de notre alma mater, l’Assomption; nous avons été surpris d’apercevoir les murs du corridor central d’un minuscule logement tapissés d’une bibliothèque où reposait ce qui nous a semblé la collection complète des livres de poche disponibles alors.
Puis, j’ai entretenu mon intérêt durant mes années d’enseignement au collégial en proposant aux élèves des livres format de poche, car, pédagogiquement, il me semblait important de leur faire rencontrer le plus d’écrivains possible en peu de temps.
Les 30 ans de Bibliothèque québécoise me rappellent aussi que certains de ses livres sont des œuvres originales dont Introduction à la poésie québécoise de Jean Royer, un incontournable panorama critique de la poésie qui s’écrit chez nous.
Enfin, les ouvrages parus chez Bq au cours des dernières années ne sont pas uniquement puisés dans le répertoire de Leméac ou Hurtubise. En effet, il y a aussi des ententes avec d’autres éditeurs québécois dont La Peuplade, Marchand de feuilles, Triptyque, XYZ, Septentrion, du Passage, Liber, etc. Cela permet, entre autres, de publier des auteurs contemporains aux œuvres déjà reconnus, par exemple Quarantaine de Patrick Nicol.
Je souhaite longue vie à Bibliothèque québécoise que je considère être la protectrice de notre patrimoine littéraire, un engagement qui se renouvelle livre après livre depuis déjà 30 ans.




L’héritage et autres contes (Bq, 2018) par Ringuet.
Pour peu qu’on s’intéresse à notre littérature, on a lu Trente arpents (1938), roman de Ringuet, de son vrai nom Dr P. Panneton. Il faut aussi se souvenir de contes parus en 1946. Ces « neuf histoires sont davantage des nouvelles, par la variation des tonalités, la construction et la conduite du récit. Bien sûr, on y retrouve la maîtrise d’un romancier au style évocateur, imagé, parfumé d’exotisme ici, mais aussi la brièveté libre et marquée, finement ironique et fluide, du nouvelliste qui a beaucoup voyagé et observé ses contemporains. Littérairement axé sur la difficile résolution des paradoxes identitaires, le recueil promène le lecteur à Québec, à Panama, à Tahiti, à Saint-Malo, à Montréal... Héros malgré eux, les personnages mis en scène, un peu vagabonds, connaissent d’étranges destins qui remettent en cause leur appartenance au réel d’un pays qu’un autre docteur – Jacques Ferron – qualifia "d’incertain" ».




Quarantaine (Bq, 2018) par Patrick Nicol.
« Sous ce titre se trouvent maintenant réunis les trois romans du cycle que Patrick Nicol a publié entre 2005 et 2009 : La blonde de Patrick Nicol, La notaire, Nous ne vieillirons pas. Ces trois histoires dans lesquelles l’écrivain figure sans ambages ont fixé sa voix dans le corpus des romanciers québécois de sa génération. Si Patrick Nicol avait la quarantaine au moment de leur écriture, elles sont aussi pour lui l’occasion de mettre le mode romanesque en quarantaine, lui permettant de s’abstraire temporairement du réel pour mieux l’appréhender. Dans La blonde de Patrick Nicol, le narrateur, en arrêt de travail, se met à sa propre recherche amoureuse; dans La notaire, un homme emménage seul après une séparation et traverse une crise identitaire; dans Nous ne vieillirons pas, un professeur de cégep se demande comment être présent au monde afin d’en prévenir la folie. »

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