Bibliothèque québécoise
30 ans de patrimoine
littéraire
Bibliothèque québécoise célèbre ses 30 ans. D’abord une collection
de livres, cette maison d’édition est née
du partenariat Fides, Leméac et HMH. Ces éditeurs établis ont ainsi mis en
commun leurs catalogues respectifs qui représentaient alors une part importante
du patrimoine éditorial au service du livre format de poche.
D’autres collections
du même format existaient déjà. Ainsi, Le Cercle du livre de France a lancé, en
1967, la collection CLF-Poche qui publia, entre autres, Roger Lemelin. Les
éditions du Jour projetaient, en 1971, de « publier régulièrement des
nouvelles inédites des meilleurs conteurs du Canada français »; Marcel
Dubé y fit notamment paraître un récit intitulé Le train du nord, le roman de Francine. En 1984, l’Hexagone lança Typo. Il y aussi la collection Boréal
compact, Coda chez Alto, et j’en passe.
Aujourd’hui, les
opérations de Bibliothèque québécoise sont gérées conjointement par Leméac et
Hurtubise. Non seulement ont-ils poursuivi son développement, mais ils assurent
la pérennité de « la seule maison d’édition consacrée uniquement au livre
de poche au Québec ». Le catalogue de Bq compte actuellement 300 titres,
des « livres d’avant-hier
(patrimoine allant des écrits de la Nouvelle-France aux années de
l’après-guerre), ceux d’hier (œuvres des années 1960 à 2000) et ceux
d’aujourd’hui (ouvrages des années 2000 à maintenant). »
En entrevue à Isabelle
Beaulieu, journaliste web de la revue Les
libraires, l’éditeur Pierre Filion explique : « Notre sélection
opère sur les trois bases de la qualité, de la pertinence et de l’actualité:
qualité littéraire des textes qui ont survécu à l’époque de leur publication
originale; pertinence de remettre en circulation des textes fondateurs, littérairement
déjà salués, historiquement importants et marquants dans le corpus de la
littérature et de la culture québécoise; actualité et permanence des voix
nouvelles ou des anciennes voix ainsi mises et remises en circulation. Notre sélection
met en valeur la pluralité des voix, des genres et des thèmes qui ont contribué
au fondement, au développement et à la modernité de la littérature québécoise. »
Ces propos reflètent
la réalité du catalogue de Bq, véritable invitation à voyager du 19e
siècle de Philippe Aubert de Gaspé à l’époque actuelle de Marie-Renée Lavoie
ou d’Anaïs Barbeau Lavalette; d’Anne Hébert à Jacques Ferron; d’Antonine
Maillet à Marc Séguin; de Pierre Des Ruisseaux à Jocelyne Saucier; etc.
Mon intérêt pour ce
format de livre me vient de mes études classiques, dans les années 1960, alors
que le « Livre de poche » proposait à vil prix les œuvres de Sartre,
Camus Françoise Sagan et d’autres contemporains. Un jour, un ami et moi
faisions du porte-à-porte pour une œuvre caritative dans la ville de notre alma
mater, l’Assomption; nous avons été surpris d’apercevoir les murs du corridor
central d’un minuscule logement tapissés d’une bibliothèque où reposait ce qui
nous a semblé la collection complète des livres de poche disponibles alors.
Puis, j’ai entretenu
mon intérêt durant mes années d’enseignement au collégial en proposant aux
élèves des livres format de poche, car, pédagogiquement, il me semblait
important de leur faire rencontrer le plus d’écrivains possible en peu de temps.
Les 30 ans de
Bibliothèque québécoise me rappellent aussi que certains de ses livres sont des
œuvres originales dont Introduction
à la poésie québécoise de Jean Royer, un incontournable panorama critique
de la poésie qui s’écrit chez nous.
Enfin, les ouvrages
parus chez Bq au cours des dernières années ne sont pas uniquement puisés dans
le répertoire de Leméac ou Hurtubise. En effet, il y a aussi des ententes avec
d’autres éditeurs québécois dont La Peuplade, Marchand de feuilles, Triptyque,
XYZ, Septentrion, du Passage, Liber, etc. Cela permet, entre autres, de publier
des auteurs contemporains aux œuvres déjà reconnus, par exemple Quarantaine de Patrick Nicol.
Je souhaite longue
vie à Bibliothèque québécoise que je considère être la protectrice de notre
patrimoine littéraire, un engagement qui se renouvelle livre après livre depuis
déjà 30 ans.
Pour peu qu’on s’intéresse à notre littérature, on a lu Trente arpents (1938), roman de Ringuet,
de son vrai nom Dr P. Panneton. Il faut aussi se souvenir de contes parus en
1946. Ces « neuf histoires sont davantage des nouvelles, par la variation
des tonalités, la construction et la conduite du récit. Bien sûr, on y retrouve
la maîtrise d’un romancier au style évocateur, imagé, parfumé d’exotisme ici,
mais aussi la brièveté libre et marquée, finement ironique et fluide, du
nouvelliste qui a beaucoup voyagé et observé ses contemporains. Littérairement
axé sur la difficile résolution des paradoxes identitaires, le recueil promène
le lecteur à Québec, à Panama, à Tahiti, à Saint-Malo, à Montréal... Héros
malgré eux, les personnages mis en scène, un peu vagabonds, connaissent
d’étranges destins qui remettent en cause leur appartenance au réel d’un pays
qu’un autre docteur – Jacques Ferron – qualifia "d’incertain" ».
Quarantaine (Bq, 2018) par Patrick Nicol.
« Sous ce titre se
trouvent maintenant réunis les trois romans du cycle que Patrick Nicol a publié
entre 2005 et 2009 : La blonde de Patrick Nicol,
La notaire, Nous ne vieillirons pas. Ces trois histoires dans lesquelles l’écrivain figure sans ambages ont
fixé sa voix dans le corpus des romanciers québécois de sa génération. Si
Patrick Nicol avait la quarantaine au moment de leur écriture, elles sont aussi
pour lui l’occasion de mettre le mode romanesque en quarantaine, lui permettant
de s’abstraire temporairement du réel pour mieux l’appréhender. Dans La blonde de Patrick Nicol, le narrateur, en arrêt de
travail, se met à sa propre recherche amoureuse; dans La notaire, un homme emménage seul après une séparation
et traverse une crise identitaire; dans Nous ne vieillirons pas,
un professeur de cégep se demande comment être présent au monde afin d’en
prévenir la folie. »
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