Max Férandon
Hors saison
Québec, Alto, 2017, 168 p., 20,95 $ (papier),
13,99 $.
Un peu, beaucoup, à
la folie
Le romancier Max Férandon, après Monsieur Ho (2008) et Un lundi sans bruit, nous propose Hors saison, toujours chez Alto, la
maison phare d’Antoine Tanguay installée dans la Capitale nationale.
Après un séjour en Chine, puis à
Saint-Priest-la-Brume, un « petit coin de Creuse, un mirage suspendu, une
miette de l’Hexagone », l’auteur installe une ribambelle de personnages en
plein cœur de Québec et leur fait vivre une succession de péripéties qui m’ont
semblé être de l’ordre du polar culinaire, nouveau genre s’il en est.
Rien de fade au goût d’Antoine
Paradis, chef réputé devenu végétarien et conseiller culinaire auprès de
diverses sociétés, dont des lignes aériennes qui souhaitent attirer la clientèle
avec une valeur ajoutée à leur menu en vol. Paradis a bonne réputation dans le
milieu, hormis pour Boilard, le redoutable critique culinaire qui a souvent
assassiné ses plats.
Le chef connaît tout du quartier
où il habite, et tous connaissent le maître queux dans ce microcosme de société
avec restos, estaminets, librairie, caisse pop et même « Au Bonheur de
Noël », une boutique célébrant le commerce qu’engendre cette fête l’année
durant. Un matin, l’étalagiste Laurie-Ann fait une macabre découverte :
Jacques Jodoin, le préposé à l’entretien, git sur le plancher de la boutique. Policiers
et ambulanciers s’amènent, constatent le décès du pauvre homme et nous lancent
dans l’enquête qui va être menée jusqu’à la fin du roman.
Marina Duhaime, la chef aux
enquêtes spéciales, et son adjoint Bienville héritent du dossier. Outre
Laurie-Ann, l’inspectrice doit interroger le propriétaire, le comptable et le
personnel d’« Au Bonheur de Noël » pour connaître leurs occupations
au cours des dernières heures, mais aussi pour évaluer leur façon de voir le
défunt. Toutes et tous ont un alibi, et avouent connaître peu ou pas Jodoin
puisqu’il travaillait de nuit.
Et Antoine Paradis? Il a connu
Jodoin à l’époque où ce dernier était plongeur dans un resto et le chef n’a de
lui que de bons souvenirs. Cependant, écoutant la rumeur du quartier après deux
semaines d’une enquête qui tourne en rond, il croit de son devoir de contacter
Marina Duhaime et de lui faire part de ses observations, car il ne peut pas
croire qu’on a assassiné un si vaillant garçon.
Inutile de dire que la policière n’a
rien à faire des bonnes intentions du chef Paradis, mais, puisque sa mère
écoutait autrefois l’émission de télé de ce dernier et qu’elle doit faire
avancer ses recherches, elle accepte de le rencontrer. De discours en palabres,
l’improbable duo Duhaime-Paradis se forme, sous condition de respecter les
règles que le travail de la détective impose.
Ce sont les personnages imaginés
par Férandon qui vont lever le voile sur cette triste histoire qui devient de
plus en plus drolatique au fur et à mesure que l’auteur précise le contour de
leur personnalité. Outre les gens d’« Au bonheur de Noël », il y a le
critique Boilard, déjà mentionné; Bill O’Neil, employé de la tabagie Latulippe,
« centre névralgique du Vieux-Québec » où Paradis s’informe des
racontars et ouï-dire; et l’octogénaire Samuel Gingras, propriétaire de la
librairie La Romancerie; Claudia Gervais, directrice des comptes à la caisse
pop du quartier; etc.
L’intrigue de Hors saison me semble bien ficelée, sur
fond d’humour et d’abus de figures de style, dont les calembours remarqués dans
le précédent opus qui sont ici décuplés. Comme le veut le dicton populaire
« trop, c’est comme pas assez », surtout qu’ici ce trop est synonyme
d’euphémisme. Certes, le ton est léger, la trame cohérente et les personnages, ma
foi, des archétypes caricaturaux. Suffit-il de passer un bon moment littéraire
pour qu’un roman soit encensé, même s’il souffre de quelques faiblesses dont
une logorrhée verbale? Surtout, ne gâchez pas votre plaisir et aventurez-vous
dans l’univers déjanté que Max Férandon nous propose sur un air d’été et de vin
rosé.
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