mercredi 7 juin 2017

Elizabeth Wilhide
Tout sur le design
Montréal, Hurtubise, 2017, 578 p., 39,95 $.

Esthétique pratique, pratique de l’esthétisme

Je vous ai amené, fin février, dans l’univers de Julien Hébert, père du design moderne au Québec. Depuis, j’ai eu diverses occasions de constater à quel point le souci de donner cette plus-value à des objets utilitaires du quotidien, comme à des projets de grande envergure, permettait à ces créations de dépasser leur seule utilité. Ainsi, on observe le souci d’une esthétique au quotidien, d’une pièce de mobilier à l’architecture du nouveau pont Champlain en passant par les ordinateurs ou les cellulaires.
Mon intérêt pour l’harmonie et la beauté environnante a été de nouveau interpelé par le livre de Elizabeth Wilhide, Tout sur le design, sixième titre de la collection encyclopédique «Tout sur» publiée, en traduction, par Hurtubise.




Le livre lui-même, de son aspect purement visuel (mise en page, typographie, illustrations, etc.) à l’organisation de sa riche matière, interpelle le lecteur, suscite son intérêt et retient son attention page après page. Du moins, c’est ce que j’ai ressenti.
L’introduction, incontournable ici, balise les significations du mot design en en donnant diverses applications et des exemples élaborés plus loin. Cela nous permet de faire un déblayage des idées reçues sur le sujet et d’être plus attentifs à l’enseignement que l’ouvrage prodigue.
Le sujet étant très vaste et l’auteure n’ayant pas la prétention d’en épuiser la matière, elle l’a développé en s’appuyant sur l’ordre chronologique, de la naissance et de l’évolution du design, le divisant en six périodes: l’émergence du design (1700-1905), l’ère des machines (1905-1945), l’identité et la conformité (1945-1960), le design et la qualité de vie (1960-1980), la contradiction et la complexité (1980-1995) et l’ère numérique de 1995 à aujourd’hui.
N’y a-t-il pas eu un souci minimal d’esthétique avant le 18e siècle? Qu’il suffise d’évoquer les fresques ornant la grotte de Lascaux, en France, qui datent de l’ère du paléolithique, et l’on comprend que le souci de beauté a toujours transcendé l’utilitarisme des objets comme des lieux. Cependant, la constance d’une telle préoccupation est venue plus tard, à l’époque de la révolution industrielle des années 1700, alors que la vie quotidienne n’était plus uniquement occupée à satisfaire les besoins primaires.
Les deux premiers siècles de l’ère industrielle permirent notamment la transformation de matériaux en usine, tel le bois cintré, et la production en série. L’auteure précise qu’« en 1835-1836, un rapport de la Commission parlementaire des arts et des manufactures de Grande-Bretagne révèle que la France, l’Allemagne et d’autres pays concernés par la production manufacturière soutiennent et encouragent "l’art du design" et "les bons principes du goût." »
Les années 1900-1945 sont marquées par une révolution du design et de ses champs d’application. Mentionnons le Bauhaus, la mythique école de design allemande, l’Art déco ou les préoccupations esthétiques des fabricants d’électroménagers pour voir poindre la modernité des après-guerres.
Conséquences positives de ces horribles conflits, les multiples reconstructions sur le territoire européen et l’éveil à l’esthétique de nouvelles applications. Par exemple, le graphisme, qui s’est trouvé de nouvelles fonctions au fil de la découverte de techniques, ne cessera de se développer au point où il est aujourd’hui un des principaux partenaires des nouvelles technologies.
Je pourrais multiplier les secteurs de l’activité humaine sur lesquels le design a eu et a toujours une influence majeure, sinon déterminante. Je vous suggère plutôt de lire Tout sur le design dont Elizabeth Wilhide a dirigé la rédaction, ce qui vous permettra de documenter et d’enrichir votre compréhension du rôle que le design joue dans nos vies quotidiennes.

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