mercredi 10 mai 2017

Olivier de Solminihac et Stéphane Poulin
Les Mûres
Paris, Sarbacane, 2017, s.p., 24,95 $.

Entre rêves et réalités

Je me demande parfois comment sont faits les rêves des enfants d’aujourd’hui. Ne sont-ils pas constamment bombardés par des images en continu, qu’ils ne parviennent pas à distinguer le vrai du faux, la réalité de l’imaginaire? Leur vie s’appuie-t-elle uniquement sur de l’un éphémère bancal? Leurs rêves sont-ils faits que de personnages aussi géants que monstrueux? Il y a pourtant à portée d’eux des livres qui leur sont destinés et qui racontent des histoires magiques à mille lieues des horreurs imposées.
Je pense ici au très bel album dessiné par Stéphane Poulin et écrit par Olivier de Solminihac, Les mûre. Ce joyeux bestiaire a pour personnages, l’ours Michao, la chevrette Marguerite et le renardeau qui se charge de raconter le départ de cette petite famille de la maison de campagne où ils ont séjourné l’été durant.




Certains se souviendront que ces personnages étaient aussi ceux de Bateau de fortune (Sarbacane, 2015), un album où « Michao les emmène à la plage. Qui verra la mer le premier? Sur place, ils s’aperçoivent qu’ils ont oublié pelles, seaux, ballons, maillots de bain! Que faire, sinon rêver… et construire un bateau de fortune avec trois fois rien, puis le pousser vers l’horizon, loin, loin aussi loin que dans leurs rêves les plus fous! Il faut "imaginer", conclut Michao. »
Dans Les mûres, « Marguerite et le renardeau jouent avec insouciance, profitant pleinement des derniers instants et partent avec Michao cueillir un plein bol de mûres, ce qui devient une aventure, pleine de sensations. À l’heure du départ, alors qu’une cloche résonne au loin, ces mûres auront la douce saveur des souvenirs de vacances. »

La réalité peut aussi rattraper les jeunes lectrices et lecteurs quand ce qui inspire l’auteure et l’illustratrice vient tout droit de faits vécus au temps jadis. C’est ainsi qu’Emmanuelle Bergeron fait revivre quatre héroïnes qu’illustre Caroline Merola dans Quatre filles en art (Soulières, 2017). C’est ainsi qu’on rencontre la grande comédienne française Sarah Bernhardt (1844-1923), la créatrice de mode Gabrielle Coco Chanel (1883-1971), l’écrivaine Agatha Christie (1890-1976) et la chanteuse québécoise Mary Travers (1894-1941) dite La Bolduc.
L’auteure et l’illustratrice continuent ainsi à faire connaître des personnages féminins qui ont marqué l’Histoire grâce à leur talent remarquable dans des sphères différentes et dans divers pays. Elles se sont ainsi arrêtées à Cinq sportives de talent (Marie-Louise Sirois, Myrtle Cook, Sharon et Shirley Firth, Nadia Comaneci) et à Quatre filles de génie (Hypathie d’Alexandrie, Marie-Anne Pulse-Lavoisier, Beatrix Potter, Marie Curie).
Enfin, comment ne pas voir dans Souffler dans la cassette (Leméac, 2017), le premier roman de Jonathan Bécotte, le parfait mariage entre la fiction et la réalité. En effet, ce «roman poétique dépeint l’amitié entre deux garçons du primaire dont les jeux et  les aventures formeront les racines des hommes qu’ils deviendront. Ce livre fait sourire le lecteur parfois de façon attendrie et parfois avec nostalgie, au point où celui-ci se surprend à vouloir retourner à l’époque de son enfance, du moins de fouiller parmi ses souvenirs d’alors. C’est ainsi que le jeune auteur fait passer le narrateur de la naïveté de ses premiers jours d’école à la boule d’émotions de sa première vraie peine d’amour.» Comme le disait J. Bécotte à l’animatrice de « Plus on est de fous, plus on lit! » : « On a une relation forcée avec ses parents, ses frères et ses sœurs, tandis que son meilleur ami, on le choisit. [...] C’est le premier élan vers une autre personne qu’un membre de sa famille. Je pense que c’est pour ça que c’est aussi fort ».
Lire, c’est rêver les routes à venir, à la mesure de chacun.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire