Au pays des livres de table à café
Je vous propose trois biographies et un ouvrage traitant de traditions dignes d’appartenir au patrimoine immatériel de l’humanité. Pourquoi ces récits résumant la vie de personnalité, sinon parce que je les considère comme des individus ayant marqué leur domaine respectif et celui de leurs contemporains. Quant aux savoir-faire, il faut les rappeler et les mettre en pratique.
Claude Raymond et Marc Robitaille
Frenchie : l’histoire de Claude Raymond
Montréal, Hurtubise, 2022, 320 p., 29,95 $.
Il en va ainsi de Claude Raymond,
un illustre parmi les illustres. À lire Frenchie : l’histoire de Claude
Raymond, autobiographie écrite avec la collaboration de Marc Robitaille, je
comprends la pleine mesure de ce grand sportif et philanthrope dont la
Fondation portant son nom célèbre cette année son 50e anniversaire.
« Les amateurs de sports
québécois se souviennent de Claude Raymond comme commentateur des matchs des
Expos à la télévision et à la radio, un rôle qu’il a joué pendant près de 30
ans. Mais c’est d’abord son parcours comme lanceur de relève pendant 17 ans
dans des ligues professionnelles de baseball (dont 12 dans les ligues majeures)
que l’histoire retiendra de lui.
Dès son arrivée en 1955, à 17
ans, à un premier camp de recrues en Géorgie jusqu’à son dernier match avec les
Expos en 1971, Frenchie – comme on l’appelait au sud de la frontière – s’est
avéré un des plus solides releveurs de sa génération, se taillant même une
place dans l’équipe d’Étoiles de la Ligue nationale en 1966.
Comment un jeune Québécois
unilingue francophone, issu d’une petite ville de la rive sud de Montréal,
a-t-il réussi à faire sa place aussi longtemps parmi les meilleurs joueurs de
baseball des trois Amériques ? La réponse tient dans ce récit où passion et
résilience finissent par venir à bout des nombreux obstacles qui accompagnent
toujours les plus grands accomplissements. Une histoire qui suscitera la
surprise et l’admiration du lecteur tout en le faisant sourire plus d’une fois.
Une vie bien menée comme celle-là
est une chose rare, précieuse. Et nous avons la chance qu’elle nous soit
aujourd’hui racontée par celui-là même qui l’a vécue. »
MarcLaurendeau avec la collaboration de Pierre Huet
Marc Laurendeau : du rire cynique au regard journalistique
Montréal, La Presse, 2022, 368 p., 34,95 $.
L’ouvrage nous rappelle, entre
autres, l’époque où tout pouvait se dire presque sans réserve. En effet, « c’est
au sein du quatuor humoristique Les Cyniques, fondé avec trois camarades
d’université, début des années 1960, qu’il se fait connaître du public.
Après onze ans de succès au sein
du groupe à l’humour corrosif et anticlérical, il tourne le dos à la scène et entreprend
une carrière en journalisme, à la radio, en presse écrite et à la télévision. Éditorialiste
en chef au quotidien Montréal-Matin et chroniqueur à La Presse, il collabore
aussi à diverses émissions de télé, à TVA et à Télé-Québec.
Pour plusieurs, il restera la
voix de la revue de presse du matin à la radio. Pendant vingt-deux ans, sur les
ondes de Radio-Canada, d’abord avec Joël Le Bigot puis avec René Homier-Roy, il
a résumé les opinions de la presse mondiale sur les grands enjeux de
l’actualité.
Marc Laurendeau s’est ensuite lancé
dans la conception et la scénarisation de grands documentaires (radio, télé et balados).
Il enseigne toujours le journalisme à l’Université de Montréal et intervient
régulièrement à titre d’analyste dans les médias, souvent à propos d’enjeux de
politique internationale. »
Enfin, je rappelle que la regretté
comédienne Amulette Garneau est la sœur de M. Laurendeau.
Stéphane Lépine (dir.)
Michelle Rossignol : soleil obligatoire
Montréal, Somme toute, 2022, 224 p., 34,95 $.
Ce livre est fait de nombreux témoignages
sur la femme exceptionnelle fut Michelle Rossignol qu’a rassemblés Stéphane
Lépine.
« Michelle Rossignol "la
jeune femme, la comédienne, la citoyenne, la fervente, la battante, la
visionnaire, la metteure en scène, l’amie, la féministe, la généreuse, la
pédagogue, la muse, l’engagée, la critique, la québécoise, la lectrice, la
passionnée, la solidaire, l’inquiète, la directrice, l’exigeante, la blessée,
la glorieuse, la familière, l’importante". Cette citation de Robert
Blondin qui ouvre ce livre au sous-titre emprunté à Réjean Ducharme, en donne
le ton et la saveur.
Au fil de ces pages parsemées de photographies magnifiques, de ces témoignages
émouvants de ceux et celles qui ont connu, côtoyé la grande actrice – de Roland
Lepage à Denise Filiatrault, de feu André Brassard à feu Michel Garneau, de
Robert Lalonde à Marcel Sabourin, en passant par Michel Tremblay, Évelyne de la
Chenelière, son frère Serge Rossignol, son conjoint Jacques Desmarais et tant d’autres
–, se dessine le portrait d’une femme complexe, forte, rassembleuse, d’une
icône de la dramaturgie québécoise. Michelle Rossignol nous a quittés en 2020.
Ce livre de Stéphane Lépine veut contribuer à garder bien vivante sa mémoire. »
En terminant, je me rappelle de l’époque
où elle a embauché des professionnels de diverses disciplines pour créer une pièce
de théâtre parmi lesquels Jean-Claude Germain et Victor-Lévy Beaulieu. Ce dernier
a écrit, à sa demande, la pièce Sophie et Léon destinée à une classe de finissants
de l’École nationale de théâtre du Canada dont elle était alors directrice d’exercices.
Cette œuvre dramatique fut jouée au Caveau théâtre des Trois-Pistoles avec Mme
Rossignol et Jacques Godin dans les rôles titres, en juillet 1992. Soulignons
qu’elle a fait aussi fait la mise en scène de Ma Corriveau, une autre
pièce de VLB, toujours à l’École nationale de théâtre du Canada, en 1973. Enfin,
rappelons qu’elle a inspiré le personnage de la Grande Rousse, récurrent dans d’autres
œuvres de Victor-Lévy Beaulieu.
Eugénie Emond
Savoir faire : histoires, outils et sagesse de nos
grands-parents
Montréal, Cardinal / BESIDE, 2022, 282 p., 49,95 $.
Je termine avec un ouvrage d’Eugénie
Emond dont les sujets mériteraient, sans exception, à être associés au patrimoine
immatériel de l’humanité. En effet, des « gestes mille fois répétés, de précieux
conseils, une sagesse ancrée dans le présent, Savoir faire recense les
connaissances de grands-parents qui ont le potentiel insoupçonné d’outiller
pour la suite. Ce beau-livre, imagé par des photographies documentaires et des
illustrations vives et graphiques, est beaucoup plus qu’un guide pratique, il
est une main tendue entre les générations.
Des cours urbaines aux vastes
campagnes du Québec, de l’Ontario et des Maritimes, la journaliste primée et
détentrice d’une maîtrise en gérontologie, Eugénie Emond part à la rencontre
d’aînées et d’aînés qui lui transmettent une partie de leur savoir.
L’ouvrage propose 20 portraits fascinants, touchants et colorés qui enseignent au passage comment aiguiser un couteau, corder du bois, coudre une courtepointe, fabriquer un savon de pays et bien plus encore. Il donne une voix à une génération qui a tant à partager. »