Katia Gagnon (dir.)
Devenir journaliste : le
métier vu du terrain
Montréal, La Presse, 2025, 368
p., 27,99 $.
Bonne presse, mauvaise presse
La presse écrite sous toutes ses formes fait partie de mon quotidien depuis ma plus tendre enfance. J’ai connu ses heures de gloire alors que les journalistes, toutes catégories confondues, retenaient l’attention de la population jusqu’à être considéré comme le quatrième pouvoir.
« L’expression " quatrième
pouvoir " désigne la presse et les médias. Par extension, le
quatrième pouvoir regroupe tous les moyens de communication qui peuvent servir
de contre-pouvoir face aux trois pouvoirs incarnant l’État (pouvoir exécutif, législatif
et judiciaire), en recourant au principe de protection des sources d’information
des journalistes. » (Wikipédia, 17 mars 2025)
Il fut un temps où chaque région
du Québec avait un hebdomadaire dirigé par le diocèse, cette unité territoriale
de l’Église catholique, qui veillait sur les bonnes nouvelles au détriment des
événements sur lesquels on mettait le couvercle sur la marmite en ébullition.
Il en allait de même pour les principaux partis politiques dont l’influence
était distribuée à travers les pages des hebdos.
Il y avait surtout que la presse
écrite se présentait sur support papier, lequel a littéralement disparu au
cours des dernières décennies. Le Canada français que vous avez entre
les mains, comme d’autres hebdos d’Ici média, tient le coup depuis 165 ans, tel
le village des fiers Gaulois.
Or, nous sommes actuellement les
témoins d’une guerre ouverte contre la presse en général et les journalistes en
particulier qu’on accuse de tous les maux. Les salves dirigées vers eux sont
incessantes au point où on peut même observer une paranoïa collective à leur
endroit.
« Les journalistes de La
Presse+ vous livrent les secrets du métier dans cet ouvrage indispensable à
qui s’intéresse à la couverture de l’actualité. Dans un contexte de
désinformation et de baisse de confiance du public envers les médias, un livre
sur les dessous du journalisme s’imposait. »
« Comment les journalistes s’y
prennent-ils pour dénicher des nouvelles exclusives, valider leurs
informations, capter et conserver notre attention? Comment parviennent-ils à
tirer les vers du nez d’un fraudeur? À gagner la confiance de membres du crime
organisé? À aborder les proches d’une victime à la suite d’un drame ou à
convaincre une personne réticente de leur accorder une entrevue à visage
découvert? » Voilà autant de questions auxquelles dix-sept journalistes
apportent des réponses qui allient les aspects théoriques et les dimensions
pratiques, en général ou selon leur pratique respective.
Si l’essai s’adresse d’abord aux
futurs journalistes, les autrices et auteurs, habitués des communications
intelligibles et intelligentes qu’exige la presse écrite généraliste, savent
faire œuvre utile, voire pédagogique, pour tous les lectorats.
La première partie de l’ouvrage s’intéresse
à sept aspects du travail des journalistes en général; la seconde, à 13 formes
de journalisme spécialisé.
Quels sont les aspects du travail
journalistique? « La nouvelle, mission de base » porte sur la matière
incontournable de l’activité journalistique. S’il faut d’abord la dénicher, il
faut retenir que le « scoop » n’est pas toujours évident et qu’il ne
fait pas toujours partie de la nouvelle en soi. Le ou la journaliste doit donc
être à l’affut des sujets qui peuvent être l’objet d’une vraie nouvelle. Les
sources sont nombreuses, allant de la simple observation de l’actualité
rapportée par d’autres médias à l’analyse des documents émanant des divers
paliers de gouvernement, des divers blogues d’intérêt public ou des divers
réseaux sociaux.
Que dire de la loi d’accès à l’information
ou du calendrier d’organismes dont les activités concernent la population en
général? Il ne faut surtout pas oublier les contacts que les journalistes
établissent dans l’exercice de leur travail et qu’ils doivent entretenir
positivement, de telles relations difficiles à établir peuvent connaître une
fin abrupte pour une question de détail.
La nouvelle identifiée, il faut
ensuite s’assurer de sa véracité et vérifier son intérêt public. Rappelons-nous
ici qu’un article suivra un parcours avant de nous arriver. Outre le reporter,
il y a le photojournaliste, le ou les chefs de division, le réviseur, le
pupitreur ("filet de sécurité des journalistes"), le graphiste, le
second réviseur, le directeur de l’édition et le contrôle de la qualité.
Qui dit journaliste, dit écriture
de la nouvelle. N’oublions pas qu’il s’agit de règles générales, les
journalistes spécialisés devant les adapter à leur champ d’activités.
Évidemment, le titre d’un article est le signal qui doit attirer l’attention du
consommateur d’information sur le sujet qui sera développé. Si le journaliste
doit le suggérer, c’est au titreur, la personne qui a une vue d’ensemble des
informations contenues dans l’édition et qui devra l’ajuster au besoin.
Le fameux premier paragraphe,
pierre d’achoppement de l’article, doit répondre « à la règle de base du
journalisme : si un lecteur ne devait lire qu’un seul paragraphe de votre
article pour comprendre la nouvelle, ce serait celui-là. » (31) Ce premier
paragraphe – chapeau, amorce ou « lead » – doit répondre à
« cinq questions en "w" de la langue anglaise : who, what,
where, when, why. » (31) Quant à sa forme, elle peut varier, allant de la
citation à une énumération en passant par le "human interest", c’est-à-dire
le côté plus personnel de la nouvelle qui peut toucher plus directement le
lecteur.
Chacune des sept sections de Devenir
journaliste traite d’un aspect du travail journalistique et se termine par
une réflexion de Jean-Hugues Roy sur le métier. Voyons-les : s’informer est
un besoin, le journalisme est un miroir, le journalisme est un service public,
le journalisme est une profession, le journalisme est une institution, le
journalisme est un dialogue et le journalisme est un bien public.
Outre l’abc de la nouvelle et de
sa diffusion écrite, le guide s’intéresse à d’autres outils dont dispose le
journaliste dans l’exercice de sa profession. Il y a ainsi l’entrevue comme
colonne vertébrale du reportage; les chiffres dont on précise l’utilisation; le
"feature" (« n’importe quel texte court, moyen ou encore très
long, qui n’est pas collé sur l’actualité chaude, qui n’entre pas dans la
catégorie "nouvelle". »), le talent de conteur du journaliste;
le portrait ou l’art de peindre avec les mots; l’enquête, champ de mines du
reporter; le journaliste et la loi.
La seconde partie de Devenir
journaliste : le métier vu du terrain s’intéresse aux différents
genres journalistiques. Ce sont : la couverture des faits divers; les
affaires policières et criminelles; le journalisme du "beat" ou de l’actualité
quotidienne dans différents domaines d’intérêt général; le reportage à l’étranger;
le journalisme économique; le journalisme politique; le journalisme
scientifique; le journalisme sportif; le journalisme culturel; le photojournalisme;
le journalisme constructif qui peut affecter directement la population; le journalisme
d’opinion.
Avec l’arrivée des informations
en continu, la répétition des informations est inévitable. Cependant, cela
n’enlève rien à la rigueur professionnelle que les journalistes doivent avoir
allant jusqu’à corriger une information qui s’avère fausse ou mal interprétée.
Que dire des réseaux sociaux ou des blogues, sinon que leur sérieux dépend de
qui ils relèvent. Lorsqu’ils sont le canal de diffusion d’informations d’un
individu ou d’un groupe d’opinion, il faut être prudent face à leur contenu.
Devenir journaliste : le
métier vu du terrain mérite toute notre attention, car il explique noir sur
blanc en quoi consiste le travail du journaliste, généraliste ou spécialisé, et
les règles qui régissent son travail, de la cueillette des informations à la
rédaction d’un article, du photojournalisme à la parution ou la diffusion. Chez
nous, les membres de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec,
la FPJQ, sont soumis à un code déontologique qui est disponible sur le site de
l’organisme (https://www.fpjq.org/fr/guide-de-deontologie) et que nous pouvons
consulter.
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